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mal content ; » que Windthorst, surtout, était très irrité ; qu’il parlait d’une alliance entre Galimberti, Schloezer et Mgr Kopp lui-même, concertée pour tromper le Pape ; que la tactique de Windthorst était : « Pas de concessions partielles, tout ou rien ; » et que les évêques rhénans partageaient son intransigeance. Quant au gouvernement lui-même, l’évêque de Fulda, lorsqu’il épiait, derrière la grâce des sourires, les dispositions réelles, n’était ni rassuré, ni rassurant. « Votre mission sera très pénible, écrivait-il à Galimberti. Le ministère d’État est tout à fait contre des concessions ultérieures, et le chancelier n’a pas réussi à briser cette opposition. « C’était une situation complexe, et, pour la débrouiller, Galimberti n’avait pas de temps à perdre.

Une dépêche de Rome le réconfortait : « Le Pape est très content, lui télégraphiait le futur cardinal Mocenni, alors substitut à la secrétairerie d’Etat, et j’ai dit au Pape qu’on ne pouvait pas, à l’heure présente, choisir pour cette mission quelqu’un qui convint mieux que toi. » Mais une autre dépêche du même Mocenni venait alourdir l’allégresse de Galimberti : « Si les amendemens Kopp n’étaient pas acceptés, annonçait le substitut, le Centre refuserait la loi. Il en résulterait pour le Saint-Siège un grand embarras, aussi bien en face du gouvernement qu’en face des catholiques. Il y aurait donc à craindre que l’on n’en vint malignement à réputer la mission comme un insuccès. »

Galimberti devinait que là-bas à Rome beaucoup de regards suivaient l’aventure diplomatique dont il était le héros, et qu’ils en guettaient l’issue, et que ces regards n’étaient pas tous bienveillans. Pour l’Eglise, pour l’Empire, l’heure était importante, émouvante ; elle ne l’était pas moins pour la fortune personnelle du prélat Galimberti.

Sans tarder, il vit Bismarck. On avait dit à la chancellerie que le journaliste qui l’accompagnait était Alsacien, et ce détail avait mis Bismarck de mauvaise humeur. Galimberti protesta, — ce journaliste était un Suisse ! L’humeur bismarckienne se rasséréna. Après cette première présentation, Galimberti, somptueusement, fut promené de cime en cime.

Il fut reçu par l’Empereur, qui exprima son espoir dans une paix religieuse prochaine, et qui lui dit : « Votre visite m’est d’autant plus agréable, que le Pape représente les principes d’ordre et d’autorité. » Il fut reçu par l’Impératrice, qui s’enquit de la santé de Léon XIII et qui affirma son respect, son admiration