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sociale du Centre devenait désormais la politique impériale.

De très loin, — c’était, pour son goût, toujours trop loin, — Bismarck allait assister à ces nouveautés, sans toujours les comprendre ; son ami Léon XIII, en matière sociale, lui paraissait avoir quelques utopies. Des propos rageurs, semés dans toute la presse, firent savoir à l’Allemagne et au monde que Bismarck n’était plus le maître de rien, — ni de lui-même ; et le Centre, au contraire, grandissait en prestige, et cette même année 1890 voyait surgir, à la voix de Windthorst, cette Association populaire pour l’Allemagne catholique, qui depuis vingt-deux ans groupe au service du Centre toutes les forces catholiques de la campagne et des faubourgs. Le Centre s’enracinait, sous le regard morose de Bismarck déraciné, et Windthorst obtenait de Guillaume II le renvoi de Gossler, dont les catholiques avaient cessé de pouvoir supporter la raideur.


XI

Un an jour pour jour après la disgrâce de Bismarck, l’Allemagne apprenait la mort de Windthorst ; et, sur l’ordre de Guillaume II, la porte de Brandebourg s’ouvrit, toute grande, pour faire passage au char funèbre : la dépouille du petit Guelfe était traitée comme une dépouille princière. Puis, à l’automne de 1892, un autre acteur de cette histoire disparaissait, non pas encore de la vie, mais de la scène diplomatique, c’était Schloezer, le vieil et fidèle ami de Bismarck ; Schloezer, jadis redouté des catholiques pour ses façons de comprendre et de préparer la paix. Un mot bref de Berlin le pria de demander sa retraite. « Je ne renverrais pas ainsi le dernier de mes domestiques, » murmura Bismarck. Le « nouveau cours » (comme l’on dit là-bas) offusquait cruellement l’impuissance bismarckienne : pour Windthorst mort, des honneurs royaux ; pour Schloezer encore ingambe, un dédaigneux congé, à peine digne d’un serviteur banal. Pierre Reichensperger mourait en 1892 ; Auguste et Schorlemer en 1895. Et puis, en cette même année, le cardinal Melchers. L’Allemagne permettait que, mort, il entrât à Cologne, pour y être inhumé ; mais son successeur Krementz, pour épargner les susceptibilités gouvernementales, s’opposait aux meetings où les catholiques eussent voulu commenter