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EN CHYPRE

FAMAGOUSTE

A l’autre extrémité de la Méditerranée se trouve l’île de Chypre, trop peu visitée par les voyageurs ; elle mérite cependant qu’on y fasse un séjour à cause de la beauté des souvenirs historiques et de ce que l’Occident, notre pays en particulier, y a jadis élevé.

D’admirables monumens dorés par le temps, s’élevant sous un ciel resplendissant, sont parvenus jusqu’à nous, comme de précieux témoins de ses richesses d’autrefois.

Pendant quatre siècles environ, Chypre a été au pouvoir des Latins. Un royaume essentiellement français qui dura trois cents ans, avait fait de cette île une des contrées les plus florissantes du monde médiéval. Sous des seigneurs poitevins, les Lusignan, elle atteignit son apogée. Ses lois étaient les assises de Jérusalem. Quant à sa langue, je laisse à un voyageur normand, Pierre Mesenge, le soin de dire ce qu’elle était. Il visite l’île en 1507, peu de temps après que la domination de Venise s’y était établie, et il écrit : « Tout le pays est subject de la Seigneurie de Venise, depuys dix-huit ou vingt ans ença ; depuis lequel temps, ils ont changé tout l’ordre et manière de faire accoutumé car en paravent ilz faisoient leurs procès et escripteurs et plaidoient en françoys et maintenant ilz les font en italien ; ce quoy les habitans sont bien mal contens car tous ceulx du pays, et spéciallement les gentilzhommes, sont aussy bons françoys que nous sommes en France et sont merveilleusement