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tête d’une nouvelle édition de son grand ouvrage, il analysait avec précision les difficultés qui s’opposaient, en 1861, à l’étude scientifique et impartiale d’une époque si rapprochée, mais il n’en ajoutait pas moins : « Cela m’intéresse beaucoup, car à chaque page je vois la confirmation éclatante de cette idée qui est déjà chez moi une conviction si arrêtée : la religion a besoin de la liberté et la liberté de la religion. » Bien qu’avec la belle assurance de la jeunesse il eût déjà jeté son dévolu sur la Revue Contemporaine pour publier son travail, celui-ci semble bien être demeuré à l’état d’ébauche. Mais l’histoire avait sa place dans les sujets infiniment variés auxquels le rédacteur du Français appliquait successivement, simultanément parfois, sa souplesse de plume et son savoir encyclopédique. Tantôt il rendait compte, avec une originalité très personnelle, de livres récemment parus ; tantôt il demandait au passé des analogies ou des leçons à invoquer dans les polémiques de l’heure actuelle.

C’est ainsi qu’en 1872, hanté, avec les meilleurs esprits de sa génération, de la terreur, difficilement explicable pour nous, des cataclysmes que ne manquerait pas d’entraîner le retour du gouvernement à Paris, Thureau-Dangin entreprit de montrer ce qu’avait été Paris capitale sous la Révolution. Comme son travail excédait de beaucoup les bornes d’un article de journal, il le porta au recueil, qui, repris sous le second Empire par Montalembert et ses amis, demeurait non sans succès fidèle à leurs traditions : c’est ainsi que le 10 novembre 1872 figura pour la première fois dans le Correspondant une signature qui devait pendant quarante ans en être l’honneur et la parure. Encouragé par l’accueil du public, l’auteur revint à la charge. Au printemps de 1873, il était de ceux, on le sait, auxquels le conflit s’aggravant entre la droite et la gauche modérée faisait redouter la résurrection de l’Empire : il étudia la Question de Monarchie ou de République du 9 thermidor au 18 brumaire. Un peu plus tard, l’intransigeance des ultra-légitimistes, renversant le ministère de Broglie plutôt que de consentir à organiser le septennat, lui donna l’idée d’une suite d’articles sur l’Extrême droite et les royalistes sous la Restauration. Ces trois essais formèrent la matière d’un premier volume : Royalistes et Républicains, publié en 1874.

Dans l’avant-propos, l’auteur, par une distinction un peu bien subtile, se défendait de chercher dans l’histoire « des argumens