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paysage de Cannes, et fit même quelques promenades en voiture. Mais bientôt les symptômes alarmans se succédèrent : averti de la gravité de son état, le malade s’acquitta de ses derniers devoirs avec la sereine simplicité qui avait toujours présidé à sa vie religieuse intime. Après une crise redoutable, le mal paraissait enrayé, sinon tout à fait vaincu, et les siens se reprenaient à l’espoir, quand une faiblesse soudaine l’emporta dans la matinée du 24 février 1913, au soixante-cinquième anniversaire de la chute du régime dont il s’était fait l’historien.

Ses obsèques, présidées par le cardinal-archevêque de Paris, réunirent à Saint-Sulpice le représentant du président de la République, un petit-fils du roi Louis-Philippe, presque tous les membres de l’Institut, ses collaborateurs dans les œuvres de bienfaisance, et surtout la foule innombrable de ceux qu’il avait obligés, réconfortés, assistés : littérateurs, journalistes, historiens, employés de Saint-Gobain, jardiniers de Bellevue, indigens de la Glacière. Oh avait la fugitive vision d’une France pacifiée, réconciliée, recueillie ; respectueuse du passé historique ; vaillamment et gravement appliquée à la tâche intellectuelle et sociale de l’heure présente ; dominée par le permanent souci de l’au-delà ; telle en un mot que Thureau-Dangin l’avait rêvée, telle que ses écrits et sa vie en ont peut-être préparé l’éclosion pour un meilleur avenir.


DE LANZAC DE LABORIE.