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Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 18.djvu/497

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qui voit, dans son cauchemar, un monstrueux animal se dévorer les pattes sans le savoir. C’est la phrase que je me surprends à murmurer. Il y a une sorte d’ivresse à se trouver en présence de tels adversaires. N’importe, il faut en finir et je suis bien pressé d’avoir la réponse de M. Briand. Il n’y a que le gouvernement et ses préfets qui puissent utilement intervenir auprès de tels phénomènes.

M. Briand m’a répondu :


Paris, 24 février 1910.

« Monsieur le député et cher collègue,

« Vous avez été vivement ému par la mise en adjudication d’une église désaffectée à Grisy-Suisnes, et vous m’avez adressé, à ce sujet, le 4 janvier dernier, une lettre rendue publique.

« Vous me faisiez connaître votre intention de soulever, à propos de cette affaire, un débat à la Chambre, et j’avais cru, en conséquence, devoir ajourner les explications que vous sollicitiez de moi. Mais cette discussion ne paraissant pas pouvoir être portée dans un bref délai à la tribune, je tiens à ne pas laisser plus longtemps sans réponse les observations que vous m’avez présentées.

« Vous n’hésitez pas à prévoir que la démolition de l’ancienne église de Grisy-Suisnes ne serait que le « commencement. D’année en année, m’écrivez-vous, nous allons voir les édifices religieux s’écrouler d’un bout à l’autre de la France. »

« Vous voulez bien croire cependant que je n’accepte pas « avec indifférence ces débuts d’une ère de vandalisme. » Je ne puis que vous remercier de la confiance que vous me faites l’honneur de me témoigner en cette circonstance, mais il m’est impossible d’approuver les différentes considérations qui font l’objet principal de votre lettre.

« Je dois vous rappeler que la désaffectation des églises n’est pas une des conséquences nécessaires de la loi de séparation des églises et de l’État, et que, sous l’empire du Concordat, ces mesures administratives étaient prononcées, comme aujourd’hui, et ne provoquaient ni critiques ni inquiétude.

« Il m’est impossible d’admettre avec vous que le culte cessera peu à peu d’être célébré dans les églises catholiques et que,