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commerce, à l’industrie, définit d’une façon précise et rend obligatoires sur toute l’étendue du territoire français les unités légales de force, de travail, de courant électrique, de puissance lumineuse, etc. Il mettra fin à une situation qui tendait à devenir insupportable. Dorénavant, et pour nous borner à un ou deux exemples, la puissance des machines ne sera plus exprimée en chevaux-vapeur ou en d’autres unités plus ou moins capricieuses, mais en watts, le watt étant défini comme la puissance engendrée par le déplacement, à la vitesse de 1 mètre par seconde, du point d’application de la force susceptible de communiquer à 1 kilogramme une accélération de 1 mètre par seconde par seconde (sic). Cette définition n’est peut-être pas d’un français très élégant, et Voltaire ne l’eût pas signée, mais elle est précise, complète, scientifique et sans ambiguïté. La nouvelle unité de force sera le newton qui en une seconde communique à 1 kilogramme un’ accroissement de vitesse de 1 mètre par seconde. La bougie légale sera obligatoirement la bougie décimale égale à la vingtième partie du violle. Le violle, qui porte le nom du grand physicien français qui l’a imaginé, est la quantité de lumière émise normalement par 1 centimètre carré de surface de platine fondu à la température de solidification. La place limitée dont je dispose m’empêche de m’étendre, comme il conviendrait, sur les autres points de ce projet de loi. Mais c’en est assez pour se convaincre de son éminente utilité et de tout ce qu’il introduira de clarté, partant de loyauté, dans les transactions commerciales. Le jour ne saurait tarder où les divers pays adhérens au système métrique se mettront d’accord pour prendre législativement des mesures identiques. La sécurité et la facilité du commerce mondial ne pourra qu’y gagner.

Dès maintenant, et tout récemment, sur l’initiative de la France, mandataire du Comité international des Poids et Mesures, un grand nombre de nations ont réalisé dans un domaine voisin une petite réforme qui intéresse tous ceux, — et ils sont nombreux, si l’on en juge par l’intérêt que le public apporte aux affaires de perles maquillées ou volées, — qui s’occupent des pierres précieuses et des joyaux. Jusqu’ici, les négocians en pierres précieuses employaient partout et même en France comme unité de masse le carat dont la valeur mal définie variait beaucoup d’un pays à l’autre pour la plus grande joie des négocians malhonnêtes. Pour mettre fin à cette situation et rattacher en même temps le carat au système métrique, sans aller trop à l’encontre de certaines habitudes commerciales, la France a rendu obligatoire, à l’exclusion de toute autre valeur du carat, le