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deux extrémités d’un même diamètre, exercent en revanche autour d’eux des influences exactement contraires : l’un est en creux et attractif ; l’autre, en relief et répulsif. Le pôle en creux vers lequel tout converge, c’est Paris, centre de population et de civilisation. Le Cantal, placé vers le centre de la partie méridionale, représente assez bien le pôle saillant et répulsif. Tout semble fuir en divergeant de ce centre élevé, qui ne reçoit du ciel qui le surmonte que la neige qui le couvre pendant plusieurs mois de l’année. Il domine tout ce qui l’entoure, et ses vallées divergentes versent les eaux dans toutes les directions. Les routes s’en échappent en rayonnant comme les rivières qui y prennent leurs sources. Il repousse jusqu’à, ses habitans qui, pendant une partie de l’année, émigrent vers des climats moins sévères. »

L’abbé Giraud Soulavie avait écrit dans son Histoire Naturelle de la France méridionale[1] : « Les montagnes sont les vrais magasins ou réservoirs de l’espèce humaine ; des milliers de montagnards passent insensiblement et à la longue dans les pays fertiles pour y entretenir les populations languissantes. »

Et les deux auteurs plus récens que nous venons de citer :

« Il (le Cantal) renouvelle sans cesse la population des plaines par des essaims vigoureux et fortement empreints de notre ancien caractère national. »

Il parait certain que les Auvergnats, comme les Bretons, sont des Celtes, c’est-à-dire qu’ils appartiennent à la race historique la plus ancienne de notre pays ; et ces Celtes, de sang déjà mélangé avec celui de races envahisseuses, eurent pour ancêtres autochtones les hommes à tête courte, dont on retrouve les squelettes fossiles, et qui ne connaissaient pas les métaux. Or, d’après une curieuse remarque de M. Boule, « la brachycéphalie est d’autant plus accusée que la région considérée est plus montagneuse et d’accès plus difficile. »

Comme le Breton, l’Auvergnat de vieille souche est brachycéphale, brun et de taille peu élevée.

De même que la population, la végétation du Plateau Central a une physionomie particulière. Il faut descendre jusqu’à la Limagne pour trouver des parties véritablement fertiles ; mais les châtaigniers de ses régions granitiques sont célèbres par

  1. Huit volumes in-8. Paris, 1780-1784.