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par des chiffres, — la C. G. T. groupait 35 fédérations ou syndicats nationaux et 14 syndicats non fédérés, ce qui faisait au total environ 100 000 syndiqués, avec 83 bourses du travail. Il y était entré, en 1904, 52 fédérations nationales, 1 792 syndicats affiliés, 110 bourses du travail ; en 1906, 61 fédérations, 2 399 syndicats, 203 273 membres ; en 1908, 2 586 syndicats, 294 398 membres, 157 bourses du travail, etc.


J’arrête tout de suite cette nomenclature, à laquelle on ne saurait ôter sa sécheresse, et qui est comme le calendrier des progrès de la Confédération générale du travail, c’est-à-dire de l’organisation révolutionnaire de la classe ouvrière, en tant que classe qui s’oppose au reste de la société. Dès qu’elle en est là, la partie est engagée, le drame est lié, et il n’y a plus qu’à suivre le conflit, pour guider, si l’on le peut, l’action vers le dénouement le moins funeste, le plus largement et véritablement social, qu’il soit possible de lui donner. Lorsque les ouvriers du même métier se sont groupés dans toute la France en fédérations de métiers, et les ouvriers de tous les métiers dans la même ville en bourses du travail, lorsque à leur tour les bourses du travail et les fédérations de métiers se sont rejointes, alliées, soudées, si leur Union s’intitule Confédération générale du travail, elle n’usurpe pas un vain titre. Non seulement une classe s’oppose à l’autre ou aux autres, mais un État de classe se dresse contre l’Etat national, un État particulier contre l’État général ; et il s’efforcera d’abord, par le suffrage universel, par le nombre, de s’emparer de l’État général, et de faire servir la souveraineté nationale aux fins particulières de ce qu’il nomme le travail ; ensuite, ce sera le duel du syndicalisme contre le parlementarisme, et ensuite ce sera autre chose. Il n’importe : le problème, posé par l’opposition de la classe ouvrière aux autres classes, en son fond, est demeuré et demeure le même. Il est le même, parce que sa donnée est la même, parce que le sujet et l’objet sont les mêmes, depuis 1848.

Un dernier paragraphe, que nous écririons en courant, n’ajouterait rien d’essentiel, rien qui soit plus que de la chronique quotidienne, plus que matière d’information pour les journaux. Depuis 1848, nous tenons notre homme, l’uomo lavorante, l’ouvrier, la classe, « l’espèce » ouvrière. Nous le connaissons, le type en est fixé depuis l’avènement de la grande industrie concentrée, depuis