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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/888

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DOUTE


Que j’ai vécu de ces dimanches,
Au temps des chefs-d’œuvre rêvés,
Tandis qu’au bout du parc passaient des robes blanches
Parmi des rires énervés !

Je laissais ces voix de la vie
Se briser contre les barreaux,
Et fier, domptant parfois la rime poursuivie,
Je souriais, comme un héros !...

Qui donc avait raison, des filles
Qui couraient, une fleur aux dents.
Ou du jeune homme pâle et seul sous les charmilles
Qui rythmait ses songes ardens ?

J’ai longtemps cru trouver la joie
Après les labeurs révolus.
Je doute... Me trompais-je alors ?... Quelle est la voie ?...
Je ne sais plus, je ne sais plus !


GRAVITE


Ah ! tout cela, mon âme, est misérable et vain !
Que sont ces pauvres cris, ces batailles, ces fièvres.
Pour quelques mots jetés sur l’art, sur l’art divin !
Tout mot est-il donc plus qu’un geste de nos lèvres ?

Il n’est rien de divin ici-bas que la mort,
Et c’est elle au surplus la souveraine artiste :
Elle fondra nos voix dans un immense accord,
Et sculptera nos traits dans son beau marbre triste !