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ait compris la France et la politique de l’Europe, comme le premier homme d’Etat de ce temps ; qu’il a fait merveille et que tout ce qu’il entreprendra lui réussira…

Thiers ayant parlé du mariage du Duc d’Orléans avec une archiduchesse, Pozzo lui a conseillé de faire la demande sans façon, disant que le succès en était certain, le prince de Metternich désirant vivement cette alliance. Le roi des Belges déconseille, cependant, cette manière brusque de procéder ; il a représenté à M. Thiers qu’il serait dangereux d’entamer cette affaire, dans un moment où l’attentat a dû produire un bien mauvais effet à l’étranger. Ce Conseil a prévalu. Le président du Conseil a beaucoup de considération pour le roi des Belges ; il le ménage, parce qu’il sait combien ce prince a d’influence sur le Duc d’Orléans.


13 juillet. — Le gouvernement français ne néglige aucune occasion de soutenir le gouvernement de la reine Christine, qu’il considère comme le seul possible en Espagne, tandis que, pour ma part, je le considère comme le seul absolument impossible. Thiers a de nouveau remis à Alava quatre millions pour payer la solde des légions étrangères et de l’armée royale qui mouraient de faim. Rothschild aussi jette son argent à pleines mains, dans ce gouffre. La France y est pour vingt-cinq millions, Rothschild pour près de soixante et l’Angleterre pour… Dieu sait combien, et cependant on est obligé tous les jours de faire de nouveaux emprunts.

La Cour de France est plongée dans une grande tristesse, à Neuilly. L’arrivée du Duc d’Orléans, loin de calmer les alarmes, n’a fait que les augmenter, d’autant qu’il est impossible d’entourer le Prince Royal de cette minutieuse surveillance à laquelle le Roi est obligé de se soumettre.


2 octobre. — La princesse de Liéven est de retour à Paris et nous tourmente par ses exigences. Si l’on ne va pas la voir presque tous les jours, elle vous fait non seulement des reproches, mais, qui pis est, elle se met à pleurer en s’écriant d’une voix lamentable qu’on l’abandonne, qu’elle est malheureuse et qu’on n’a pas la charité de lui consacrer quelques petits momens. Elle ajoute à ses plaintes de longues tirades sur l’égoïsme ; cette jérémiade finie, elle vous questionne sur tout