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L’Exposition des principes est envoyée à Bernis le 9 novembre. Mais les jacobins ne veulent plus attendre. Dès la fin de ce même mois, le 27 novembre, l’Assemblée votait l’obligation du serment, dans les huit jours, à la Constitution civile. Cette fois « les ponts étaient coupés, » suivant l’expression de Montlosier. ; Certes, mais ce n’est pas l’épiscopat qui les avait coupés. Encore après cette date, Boisgelin donne au Roi le conseil de sanctionner ce décret imposant un serment que lui-même et tous ses confrères les plus concilians refuseront pourtant de prêter. Et à cette lettre au Roi du 1er décembre, il joignait un nouveau mémoire pour Rome où il suppliait le Pape d’approuver la nouvelle division des diocèses, d’autoriser les métropolitains à donner l’institution canonique aux nouveaux évêques, « en attendant un arrangement définitif, » et de laisser de même les évêques instituer dans leurs cures les curés élus, sauf objections de mœurs ou de doctrine. Enfin, au dernier moment, c’est encore Boisgelin qui détermine Louis XVI à sanctionner le décret du 27 novembre « à condition que cette acceptation parût un acte forcé. » L’insistance de l’Assemblée lui paraissait d’ailleurs suffisante pour constituer cette contrainte. La sanction est du 26 décembre, le refus de serment de Boisgelin et de ses collègues de l’Assemblée est du 4 janvier. La rupture était consommée, mais on avouera que si Boisgelin et la majorité de ses collègues de l’épiscopat méritent un reproche, ce n’est vraiment pas de l’avoir voulue par calcul politique et rendue inévitable de parti pris.


II

Parfaitement, dit M. Mathiez. Ce n’est pas l’épiscopat français, c’est le Pape, c’est « l’évêque de Rome, » comme disaient les Constituans, qui a voulu et provoqué la rupture. Il aurait pu, il aurait dû accepter la Constitution civile, s’il n’avait pas eu en vue d’autres intérêts que ceux de la religion, et particulièrement la situation d’Avignon qui voulait lui échapper. Le Pape s’est servi de l’affaire de la Constitution civile comme d’un atout dans son jeu de souverain temporel.

Il y a, semble-t-il, quelque chose d’un peu ridicule et de tout à fait vain à discuter théologie, — fût-ce rétrospectivement,