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SOUVENIRS DE LA MISSION MARCHAND

III.[1]
DE ZILENGOMA A KIMBÉDI

Le Niari a perdu son nom, je navigue maintenant sur le Kouiliou. La navigation y est facile, les baleinières avancent rapidement ; les Cap-Lopez, en avant, lancent leurs chants à tous les échos. J’essaye en vain de retenir leurs airs. Il y a pourtant une mélodie dans ce concert de voix, un rythme qui varie suivant l’effort donné par les pagayeurs, mais je ne peux arriver à dégager l’harmonie qui résulte de l’amalgame des différentes parties exécutées sur des tons auxquels mon oreille n’est pas habituée, et que je ne suis pas assez musicien pour noter.

Ces chants confirment la remarque que j’avais déjà faite à la Côte d’Ivoire, il y a deux ans ; ils sont particuliers aux races qui vivent sur les rivières, au milieu des rapides, à l’exclusion des races de l’intérieur des terres, dont les mélopées lamentables se traînent sur les trois éternelles mêmes notes.


Des heures et des heures, nous cheminons lentement sous Je soleil éclatant qui depuis quatre jours, depuis notre départ de Zilengoma, n’a pas cessé de briller. Le fleuve est monotone comme le pays qui l’entoure. Parfois, nous échouons sur un

  1. Voyez la Revue des 15 mai et 1er juin.