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Au point de vue artistique, la ville offre un coup d’œil pittoresque et attirant. Le spectacle des rues bariolées, pleines de vie et d’agitation, est enchanteur. Des détails, dignes du pinceau d’un peintre, surgissent de tous côtés. La grande place de la Promenade, recouverte d’une sorte de baldaquin en toile pour préserver de la chaleur, fait l’effet d’une salle de réunion, rendez-vous de la société élégante. Tout brille et étincelle dans la lumière éblouissante. La vie se déroule avec la gaieté et la grâce méridionales.

La population aisée et riche jouit visiblement d’une existence agréable. Au premier moment, on est étonné de voir combien l’humanité paraît plus contente de son sort que de l’autre côté du Rio Grande, où la lutte pleine de tristesse et de soucis, résultat du désir unique d’amasser de l’or jusqu’à ce qu’il en soit devenu l’esclave, absorbe l’homme. Ici au contraire, sous les rayons en feu d’un soleil brillant, ce sentiment âpre disparaît.

J’erre à travers les rues nombreuses. Elles se ressemblent toutes par leur disposition et sont pourtant toutes différentes. A chaque instant, je rencontre des détails charmans et l’image d’ensemble est toujours harmonieuse. Nuestra señora del Carmen est le monument le plus remarquable de la ville. Les coupoles vertes de l’église, ornées de faïence, sont d’une parfaite pureté de lignes. La façade, décorée de riches sculptures, offre le type du style baroque local, nommé charrigueresque par les architectes espagnols. Tout n’est pas de bon goût, loin de là, mais l’impression générale ne manque pas de grandeur et de pittoresque. La claire lumière du pays exige des profils plus accentués ; le manque de simplicité augmente en quelque sorte et rehausse davantage ombres et lumières.

De San Luis-Potosi partent plusieurs lignes dans les diverses parties du pays. L’une conduit directement vers le golfe du Mexique à Tampico, la plus importante à Vera-Cruz et à la baie de Campêche, port en croissance continuelle, particulièrement favorable et commode aux vaisseaux arrivant de toutes les mers et dont les rapports commerciaux avec les Etats-Unis sont des plus importans.

Je poursuis mon voyage au cœur du pays vers les hauts plateaux. Bien que la région me paraisse sèche et brûlée, nous sommes en plein hiver. La contrée que je traverse devient de plus en plus montagneuse. Les chaînes s’élèvent à une hauteur