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Aussi, que de précautions prises ! Le commandant en chef, sir G. Wolseley et le Dr Holme, chef du service de santé, demandèrent et obtinrent qu’on préparât d’avance pour les troupes des camps installés en des points convenablement choisis et débarrassés de toute végétation. Des puits devaient y être creusés, les eaux d’alimentation filtrées. Des gîtes d’étape, séparés les uns des autres de trente-deux kilomètres, étaient prévus pour le transport et l’évacuation des malades. La longueur des étapes que devait effectuer la colonne elle-même n’excéderait pas dix milles. Les hommes seraient vêtus de toile ou de flanelle selon les saisons et les heures de la journée. Leurs rations étaient largement mesurées et, pour le service particulier d’un bataillon européen de 680 hommes, on calculait qu’il faudrait 650 porteurs. Il était cependant prévu qu’après deux mois de campagne et malgré ce luxe de précautions, les troupes fourniraient 30 ou 40 p. 100 d’indisponibles ; aussi des approvisionnemens devaient-ils être réunis pour parer à cette éventualité. Enfin, le commandement qui demanda d’abord 36 médecins pour la colonne, en reçut et en utilisa 44.

Quelle différence avec notre façon de procéder au Dahomey, dans un pays tout à fait semblable à l’Ashantiland, contre un ennemi de force équivalente, dont la capitale, Abomey, se trouvait à une distance de la côte à peu près égale à celle qui en séparait Coumassie !

Notre colonne expéditionnaire fut mise en route vers l’intérieur le 14 septembre 1892 et disloquée après la victoire définitive, le 26 novembre 1892. Elle se composait de 1138 blancs et seulement de 930 indigènes. Cinq cents hommes de renfort la complétèrent au cours des opérations et la totalité des effectifs réunis sur la côte du Bénin, en vue de l’expédition, monta au chiffre de 3 351 hommes.

Les moyens de transport se composaient seulement de 132 mulets et de 2 239 porteurs. Enfin nous disposions de six médecins. On compta 173 Européens morts de maladies. Nous avions de plus 81 hommes, dont 11 officiers, tués par le feu de l’ennemi et 441 blessés, indigènes compris. Les fatigues subies, même par les blessés ou les malades, furent telles que treize d’entre eux moururent le 16 octobre, tandis qu’on les évacuait sur le poste d’Adigon.

Ces pertes ne nous ont pas empêchés de conquérir le Dahomey,