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d’altitude idéale. Antsirabé s’élève en effet, à 150 kilomètres au S.-E. de Tananarive, sur un vaste plateau d’une altitude moyenne de 1 500 mètres que dominent, à peu de distance, les puissans sommets de l’Ankaratra.

Des pitons dont l’aspect rappelle celui des Puys d’Auvergne parsèment ce plateau, que traversent de nombreuses rivières aux lits très encaissés.

Les cratères des plus rapprochés de ces puys abritent des lacs petits, mais profonds. Des herbes drues et de rares buissons poussent sur le sol volcanique mêlé tantôt de calcaire, tantôt d’un sable grossier. Des bœufs et d’innombrables porcs s’en nourrissent. Les habitans, Hovas fortement teintés, habitent des fermes clairsemées aux murs blanchis de chaux qu’entourent de vastes champs de pommes de terre.

Pas d’arbres nulle part, ou peu s’en faut. Les eucalyptus et les vernis du Japon récemment plantés autour d’une des sources sont cependant d’une fort belle venue.

Le village, devenu chef-lieu de province, compte un administrateur, un médecin, plusieurs autres fonctionnaires, quelques colons et de 1 500 à 2 000 indigènes. Il possède même un petit hôtel[1] à peu près passable, mais les sources ne sont pour ainsi dire pas aménagées. On y prend son bain dans des trous revêtus de planches, creusés à même dans le sol d’où sourdent les eaux.

Antsirabé se trouve à égale distance de Tananarive et de Fianarantsoa. Le général Galliéni, dont l’œuvre, avec le recul du temps, parait de plus en plus belle, créa le premier une route entre ces deux villes. Un service d’automobiles reliait depuis 1910 Antsirabé et Tananarive. Il fut récemment prolongé jusqu’à Fianarantsoa, et le gouverneur général Picquié mit l’an passé en adjudication le premier secteur d’une voie ferrée qui doit desservir Antsirabé.

Si l’on veut capter les eaux de la précieuse source, créer un établissement de bains convenable et moderne, si l’on se décide à construire un ou plusieurs hôtels confortables avec quelques villas privées, Antsirabé attirera vers lui de nombreux voyageurs, venus non seulement des diverses régions de Madagascar, mais encore des Mascareignes, voisines, et de toute la Côte

  1. Antsirabé possède également par malheur une léproserie installée en amont d’un des deux groupes de sources chaudes qu’on n’utilise pas pour ce motif.