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« Nous pouvons répéter ce que nous disions au printemps dernier :

« La Russie est prête, et elle espère que la France le sera aussi… Nous avons rempli toutes nos obligations envers l’alliance avec la France, et naturellement nous devons nous attendre à ce que notre alliée remplisse aussi tous ses devoirs. »

À cette observation si juste, le gouvernement français, par l’organe de M. Viviani, ministre des Affaires étrangères, a répondu : « Voilà précisément vingt ans que la politique extérieure de la France est fondée sur son alliance avec la Russie, vingt années pendant lesquelles la collaboration pleinement confiante des deux gouvernemens, appuyée sur le souvenir de journées d’inoubliable enthousiasme, a mis en lumière combien ce pacte répond à la fois aux intérêts permanens des deux pays et à leurs sentimens sincères.

« Au moment où je prends la direction des Affaires étrangères, il m’est particulièrement agréable d’affirmer mon absolue conviction en l’efficacité d’un accord qu’avec mes prédécesseurs j’ai toujours considéré comme immuable. Jamais, d’ailleurs, cette efficacité n’est apparue plus manifestement que pendant les événemens qui, au cours des deux dernières années, ont profondément troublé l’Europe. Durant toute cette crise, les deux gouvernemens ont montré une constante unité de vues et d’action pour limiter les conflits, après avoir tout mis en œuvre pour les prévenir. Ils ont ainsi vraiment pratiqué l’alliance, et, ce faisant, ils ont tout à la fois servi les intérêts des deux Etats et la cause de la paix générale.

« Cette défense de la paix ne me préoccupe pas moins que mes devanciers et je serai heureux, pour ma part, d’y collaborer avec M. Goremykine et M. Sazonow. La Russie et la France n’auraient pu réaliser aussi pleinement leur œuvre, sans l’entente commune qui les associe l’une et l’autre à l’Angleterre. C’est ce rapprochement de Londres et de Pétersbourg qui a permis à notre alliance et à notre amitié de se combiner en un faisceau et de produire tous leurs effets utiles. Entre des gouvernemens unis par de tels liens et par une telle bonne volonté réciproque, l’examen des affaires, fut-ce des plus délicates, ne peut que transformer d’anciennes divergences d’intérêts en de nouvelles raisons d’accord… »

Cette déclaration ne faisait que corroborer la déclaration