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l’Université d’Oxford fut l’illustre Gladstone. Mais, quand celui-ci eut quitté les rangs des Tories pour passer dans ceux des Whigs, il dut aller chercher de nouveaux électeurs dans le Midlothian. Un des représentans actuels de l’Université d’Oxford est lord Hugh Cecil, de la grande famille des Salisbury, un des orateurs les plus fougueux et un des whips, si je ne me trompe, du parti unioniste.

Une institution tout à fait nouvelle et dont j’ai été heureux d’apprendre l’existence, c’est un French Club. Ce club, qui est de fondation assez récente et date de quelques années seulement, n’est pas composé uniquement, comme son nom le donnerait à croire, de Français ; il est ouvert à tous ceux qui, disent les statuts, « prennent intérêt à la vie, à la langue et à la littérature françaises. » Il y a, comme à l’Union-Club, des réunions hebdomadaires où tout sujet de littérature et de politique peut être traité. Les discours, qui ne doivent jamais être lus, peuvent être prononcés en anglais et en français ; — ils ne doivent pas excéder dix minutes, sauf celui de l’auteur de la motion, qui a le droit de parler un quart d’heure. Aucun membre du Club, dans les discussions, ne doit, — tout comme à la Chambre des Communes, — être appelé par son nom. Ces règles sont, je le pense du moins, les mêmes à l’Union-Club. La jeunesse universitaire se forme ainsi de bonne heure à la vie et aux usages parlementaires. J’ai visité ce club sous la conduite de mon jeune guide français ; il est très simplement, mais gentiment installé ; en souvenir de mon rapide passage, j’y ai laissé un petit bouquin récent, dont je suis l’auteur.

Une question qui m’aurait singulièrement intéressé eût été celle de savoir quels changemens ont été apportés avec le temps dans les programmes de l’Université. Ces programmes étaient autrefois assez étroits. Les lettres étaient et sont encore, je crois, plus en honneur à Oxford qu’à Cambridge, qui est une université plus scientifique. Les études littéraires, le grec surtout, y étaient poussées très loin. Cependant les deux programmes littéraire et scientifique étaient assez limités pour qu’un jeune homme très bien doué pût suivre en même temps les cours de lettres et les cours de sciences et préparer ses examens dans ces deux matières. Être Double first, c’est-à-dire premier dans les deux examens de sortie, semblait le comble de la gloire. C’était, pour un jeune Anglais, l’équivalent de ce que serait pour un jeune