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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 22.djvu/551

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LES
MANŒUVRES NAVALES

Voilà longtemps déjà que notre marine fait, chaque année, ses grandes manœuvres, et l’utilité de ces exercices d’ensemble est encore discutée. Elle l’est surtout par ceux qui estiment que, quelque effort que l’on fasse, — et on ne le fait pas toujours, — pour se rapprocher des conditions véritables d’un conflit maritime déterminé, on ne peut réaliser qu’une bien incertaine, bien incolore, et donc assez vaine image de la guerre navale. Il est, dit-on, moins ambitieux mais aussi efficace, en tout cas beaucoup moins coûteux, de s’en tenir aux ordinaires exercices de tactique, aux tirs réglementaires et, de temps à autre, à une marche à bonne vitesse, soutenue quelques heures.

Que ce système soit moins onéreux, point de doute ; et il faut avouer que, dans l’état présent de nos affaires, la considération ne manque pas de valeur. Les partisans des grandes manœuvres ne s’y arrêtent cependant pas. Ils iraient volontiers jusqu’à prétendre que le million qui passe dans cette petite guerre pourrait être pris sans inconvénient majeur sur les 200[1] que nous coûtent annuellement nos constructions ; car, à quoi sert d’avoir une flotte si l’on ne sait pas s’en servir, si son personnel n’est pas capable de lui faire donner tout le rendement dont elle est susceptible ?… Et ils affirment qu’il n’est d’autre moyen pour cela que de mettre en branle le grand appareil des manœuvres, qui utilise simultanément toutes les unités actives de l’armée navale en les faisant coopérer à l’exécution de plans combinés qui, par là, surexcite l’émulation, stimule les

  1. Chiffre moyen, non comprises, d’ailleurs, les dépenses afférentes à l’artillerie, aux torpilles, aux mines, etc.