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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 22.djvu/656

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s’intitulent les Nouvelles Égyptiennes, et elles servent d’enveloppe ou reste. Ce n’est qu’en ouvrant que s’opère la transformation en Ægyptische Nachrichten. Quelques centaines d’Allemands achètent cela. Quant aux indigènes, s’ils y vont de leur petite piastre, c’est le jour où, pour le même prix, ils désirent un peu plus de papier. Mais ce n’est pas encore ainsi que la langue de Goethe s’installera aux bords du Nil.

Si ces exemples prouvent que notre influence morale éclipse toutes les autres, ils indiquent aussi combien on est prêt à en guetter les faiblesses et à les utiliser. Notre influence, de même qu’elle ne s’est pas créée toute seule, ne se conserve ni ne s’étend sans efforts. C’est de ces efforts que je voudrais parler avec quelques détails, pour mieux permettre d’en comprendre la grandeur et le prix.


Il faut avoir recours à l’éloquence, sèche mais précise, des chiffres. En 1908, il y avait, dans les écoles françaises d’Egypte, 17 000 élèves. Il y en a, aujourd’hui 25 000. Comparés l’un à l’autre, ces deux chiffres disent nos progrès. Mais leur valeur n’apparaît toute qu’en les rapprochant du nombre total des enfans qui étudient dans les diverses écoles d’Egypte. Dans ce pays, pourtant si peuplé, la population scolaire n’est en effet que de 150 000 élèves ; et il en résulte donc que nos écoles comptent pour un sixième dans ce total. Encore n’est-ce qu’un minimum strict. Car il est d’autres écoles, non françaises de nationalité, qui donnent cependant un enseignement exclusivement français et qui, collaborant ainsi aux mêmes fins, doivent venir en compte : tel est surtout le cas des écoles de l’Alliance Israélite, — et, de ce chef, ce sont encore au moins 2500 enfans, qui sont élevés dans notre langue et nourris de notre culture.

Mais tenons-nous-en aux écoles purement françaises, et voyons comment s’est constitué ce puissant faisceau qui groupe 25 000 enfans chaque jour devant les chaires de nos professeurs.

Ici comme dans tout l’Orient, la majeure partie de ces écoles est l’œuvre des Congrégations.

Au premier rang, il faut citer les Frères de la Doctrine Chrétienne qui enseignent à plus de 6 000 enfans. Viennent ensuite, les Jésuites, les Pères de la Mission franciscaine, et,