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Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 22.djvu/829

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Avec ces essais plus ou moins originaux nous sommes encore sur les sommets. Au-dessous, dans les parages si voisins du Droit, de l’Economie politique et de la Philosophie, sont des collègues qui organisent leurs mosaïques en ayant soin, pour le moment, d’y introduire des nuances un peu moins couleur de terre et d’un peu plus, de fantaisie. D’un côté, il y a une tendance à plus de générosité, mais d’une générosité plus sentimentale que rationnelle et à une liberté d’esprit qui, si elle n’encourage plus autant la doctrine matérialiste, n’encourage pas non plus un spiritualisme bien lucide et bien résolu à aller au bout de ses promesses. Ailleurs se fait sentir une recherche de la pratique et de l’utile qui, si elle affaiblit les ambitions métaphysiques, éloigne aussi des hypothèses dangereuses et des systèmes destructeurs. Il est difficile de savoir s’il y a là ou non compensation.

Se charger de mesurer les talens ou de comparer les réputations de savans étrangers n’est pas non plus chose aisée. Mais un heureux hasard a voulu que je me trouvasse à Rome en même temps que les cinq professeurs de philosophie délégués par leurs collègues et chargés de dresser en commun une liste de candidats en vue d’une chaire laissée vacante à l’université de Bologne. Il m’a été fort agréable de les voir, ou plutôt de les revoir tous en une semblable occasion où ils étaient désignés comme particulièrement « représentatifs. » Les voici.

M. Vidari, professeur de philosophie morale à l’université de Turin, auquel on ne pourrait peut-être reprocher que la modestie, a eu, entre autres mérites, celui de composer un traité classique de morale qui, sans être banal, est très clair, a su être complet sans paraître long, a fait une large part à l’histoire des faits tout en étant nettement idéaliste et spiritualiste : c’est essentiellement un livre bien composé.

M. Guido Villa, professeur de l’université de Pavie, est un psychologue très érudit et très net, formé à l’école de Wundt et de Lotze, ayant donc puisé ses premières leçons dans une psychologie très voisine de la physiologie, mais sachant faire la part à l’action originale de la vie et à l’activité de l’esprit. M. Villa rappelle comment son maître préféré fut surtout un « volontariste » voyant dans l’activité volontaire la fonction la plus apte à expliquer la connexion inspiratrice de tous les élémens de la vie psychique. Auteur d’un traité déjà fort