race latine et la race slave vont prétendre continuer d’exister en face de la race germanique, c’est-à-dire en face d’une culture et d’une civilisation supérieures. » À quoi l’ecclésiastique de répondre : « Et nous, sommes-nous donc sans culture ? Et les Belges ? — Oh ! parfaitement ! Je la connais, votre culture, je lis vos auteurs. Mais c’est une culture inférieure, la flamande aussi !... Oui, c’est entendu ! Vous êtes bons, vous soignez bien nos blessés. Mais que voulez-vous ? Vous êtes des êtres inférieurs, destinés à être absorbés. »
Ainsi parlait Zarathoustra, n’est-il pas vrai ?
Et même il avait soin de désigner à mots couverts la juste
victime de l’ambition des forts, la proie légitimement offerte à
leurs convoitises. Afin que nul n’en ignore, cette proie se trouve
« là où la vie a son développement le plus mesquin, le plus
étroit, le plus pauvre, le plus rudimentaire, et où, pourtant,
elle ne peut faire autrement que de se prendre elle-même pour
la fin et la mesure des choses, que d’émietter et de mettre en
question furtivement, petitement, assidûment, ce qui est plus
noble, plus grand, plus riche[1]... »
Ces gens, qui mettent en
question petitement ce qui est grand et noble, ô mes frères de
France et d’Europe, c’est nous-mêmes, n’en doutons pas !
* *
Dès maintenant, des symptômes politiques non équivoques encouragent les espoirs des forts. Le socialisme et le nationalisme s’entendent admirablement à façonner les races inférieures pour la domination des aristocraties de l’avenir. Le socialisme surtout excelle à déviriliser, à abêtir et à domestiquer les masses. Et ainsi « tandis que la démocratisation de l’Europe aboutira à la création d’un type préparé à l’esclavage, ... l’homme fort deviendra nécessairement plus fort et plus riche qu’il ne l’a peut-être été jusqu’à présent, grâce au manque de préjugés de son éducation, grâce aux facultés multiples qu’il possédera dans l’art de dissimuler et dans les usages du monde. » — À ce manque de préjugés, à cet art de dissimuler, qui caractérisent l’homme fort, s’ajouteront les voyages et la vie cosmopolite, pour parachever son éducation. Derrière le
- ↑ Par delà le bien et le mal', p. 258 et suiv.