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Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 26.djvu/438

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Plus tard, la Commission locale de défense exposa que l’arsenal à Abder-Rhaman ferait partie du camp retranché de Bizerte, ce qui excluait toute nécessité d’une défense particulière. Sidi-Abdallah au contraire, au fond du lac, « en l’air, » place distincte, exigerait une enceinte, des ouvrages extérieurs, une garnison ; car un adversaire entreprenant peut débarquer sur un des points faibles de la côte. Des « opérations combinées, » sous le commandement de l’amiral Fournier, ont montré que cette éventualité n’est point une chimère. Ajoutons que Sidi-Abdallah est dominé, à 1 500 mètres dans le Sud-Sud-Ouest, par l’Enschir Taschun (cote 102), el à 500 mètres dans le Nord-Nord-Ouest, par le morne de Sidi-Yaya (cote 77).

Le ministre de la Guerre insista auprès de la Marine pour l’adoption de Menzel Abder-Rhaman. Mais le commandant de l’escadre déconseillait ce choix : « Les fronts de mer éteints, nos établissemens de Menzel Abder-Rhaman, a 4 000 mètres des fonds de 10 mètres, peuvent être bombardés ; ceux de Sidi-Abdallah ne le peuvent pas. On nous reproche depuis un siècle d’avoir fait Cherbourg à fleur de côte, ne recommençons pas. »

Quel temps eût-il fallu pour éteindre les batteries du front de mer, et au prix de quels sacrifices ? On ne le disait pas ; le ministre ne posa pas la question et choisit Sidi-Abdallah. C’était en 1896.

La Marine acquit des terrains sur le lac, au prix de 0 fr. 50 le mètre carré. Mais la superficie proposée d’abord parut trop exiguë, et le gouvernement beylical offrit une parcelle supplémentaire dans l’intérieur des terres. Le commandant de la marine observa qu’un arsenal n’aurait jamais trop de quais, en l’espèce, de terrains bordant le lac, et le directeur des Travaux publics consentit à rattacher au rivage la parcelle intérieure : d’où extension de la surface totale et du littoral, vers le Nord.

On aménagea sans retard la baie sans nom (aujourd’hui baie Ponty) comme centre de stationnement d’un groupe de torpilleurs. Le vieux croiseur Talisman, convoyé de Toulon à Bizerte par le Condor, joua dans la baie le rôle de bâtiment central de la Défense mobile. A terre, on installa un parc à charbon desservi par un Decauville. Six torpilleurs, expédiés de Toulon, s’amarrèrent à l’Ouest de la baie, l’arrière à terre, auprès d’un dock flottant pour les réparations et les carénages.

La Défense mobile était créée.