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l’effectif budgétaire, officiers et sous-officiers compris, à 815 000 hommes ; l’accroissement numérique était évalué à 4 000 officiers, 15 000 sous-officiers et 117 000 soldats. Les augmentations portaient sur toutes les armes, infanterie, cavalerie, artillerie à pied, pionniers, troupes de communication. C’était un bond considérable ! Dès la fin de 1913, les mesures prévues par la loi de 1912 devaient être réalisées et la nouvelle loi recevoir sa complète exécution. Enfin, à la loi elle-même était joint un projet triplant le trésor de guerre, destiné à pourvoir aux premières nécessités de la mobilisation ; il était porté de 150 à 300 millions de marks en or, plus 150 millions en argent.

Le danger était-il donc si pressant et l’orage grondait-il déjà aux frontières de l’Empire ? Comment justifiait-on ces mesures précipitées et surtout le projet financier, la contribution forcée, imaginée pour couvrir les énormes dépenses, un milliard de marks, qu’elles entraîneraient ? L’exposé des motifs ne donnait aucune explication convaincante. Il se bornait à dire que les événemens en train de se dérouler dans les Balkans avaient modifié l’équilibre des forces en Europe. Dans une guerre qui pouvait lui être imposée, l’Allemagne, ne devant plus compter que sur elle-même, aurait à défendre, peut-être contre plusieurs adversaires, des frontières étendues et en grande partie dépourvues de protections naturelles. D’où pour elle la nécessité vitale d’employer et d’organiser toutes ses forces disponibles.

Les pensées directrices du projet de loi étaient l’adoption du service militaire généralisé suivant le chiffre de la population et en même temps l’amélioration de la qualité des troupes de première ligne, c’est-à-dire l’augmentation de la jeunesse de l’armée, ainsi que l’accélération de la mobilisation et le perfectionnement, qu’on ne perdait jamais de vue, de l’outillage technique. En chiffres ronds, on voulait incorporer 63 000 hommes de plus chaque année. La loi de 1913 est pleine de renseignemens suggestifs sur la télégraphie, la téléphonie, l’aérostation, l’aviation, l’automobilisme ; maison n’y découvre aucune information sur l’artillerie lourde et sur les obusiers de siège, qui allaient être une révélation sensationnelle. Cet accroissement formidable de la puissance destructive de l’armée allemande était tenu soigneusement secret. Il est certain que la possession