Il faut premièrement qu’il demeure bien entendu que Frédéric II fut un grand roi ; que l’histoire, à ne considérer que les résultats, n’a point exagéré en lui décernant ce titre ; qu’il serait également injuste et absurde de le lui marchander ; mais qu’il soit entendu aussi, deuxièmement, qu’il se fit grand par quelques-uns de ces moyens machiavéliques que, prince royal, il avait qualifiés d’affreux, de scélérats, de criminels. Un grand génie « et même du génie, » ce serait beaucoup dire : il manque le coup subit, la flamme, l’éclair et l’éclat, la foudre, l’illumination. On ne voit guère que de très grandes qualités poussées très loin et soutenues très longtemps ; de très heureux dons très patiemment cultivés, très habilement administrés ; une très remarquable constance de volonté dans une très remarquable variété d’aptitudes ; et, pour le situera son plan, sur l’échelle des grands rois et des grands hommes, plus de talent que de génie, une réunion de talens faits surtout de facilité :
- ↑ Voyez la Revue du 15 mars.