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AUX DARDANELLES

C’est à la fin d’octobre 1914 que les Alliés se sont trouvés en état de guerre avec la Turquie. C’est le 19 février 1915 que leurs flottes, — du moins la (lotte anglo-française, — ont tiré les premiers coups de canon sur les ouvrages groupés, à l’orée des Dardanelles, autour des anciens châteaux d’Europe et d’Asie.

Dans cet intervalle de près de quatre mois, il y avait eu, certes, d’importantes opérations, en Arménie, sur le Chott El Arab, sur le canal de Suez même ; mais, sauf par quelques reconnaissances, sauf par le coup de main brillant d’un sous-marin anglais et par celui de notre Saphir, que des circonstances matérielles défavorables tirent manquer, la tranquillité des Dardanelles, théâtre principal des opérations, pourtant, n’avait point été troublée.

Les stratégistes, quelques stratégistes, du moins, peuvent le regretter. Je crois qu’ils ne s’en font pas faute, dans leur particulier. On eût dû, affirment-ils, puisque aussi bien il fallait la faire, cette grosse expédition qui s’annonce, on eût dû l’entreprendre depuis longtemps, en poser tout au moins les jalons, ce qui était aisé au prime début, et ne point donner à un adversaire, dont la principale qualité n’est assurément pas la prévoyance organisatrice, le temps de se préparer, d’armer ses forts, de les perfectionnera la moderne, de démonter, pour les mieux placer et a couvert des vues, les bouches à feu des ouvrages trop anciens, d’organiser des emplacemens de canons de campagne, des abris et des tranchées d’infanterie aux bons endroits, de créer des camps à peu près confortables et d’y grouper cinquante mille hommes ; enfin, de mouiller de nouveau, — et en y ajoutant, sans aucun doute, — ses mines