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« J’espère que maintenant nous serons d’accord, et que vous ne blâmerez plus mes scrupules. Vous avez dû approuver ma lettre à M. de Saint-Aulaire[1].

« Adieu, madame, recevez l’assurance de mes sentimens de respectueuse et tendre amitié.

« NAPOLEON-LOUIS B.[2]. »


Lorsqu’elle le revit à Rome, et plus tard en France, la princesse put rappeler à Louis-Napoléon leurs entretiens et ce mot : « Laissez-moi d’abord mettre les choses au point en France, ensuite nous penserons à l’Italie[3]. » Enfin, lorsque, le 8 juin 1859, elle vit l’empereur des Français acclamé à Milan à côté de son roi, peut-être se dit-elle qu’avant tout autre, elle avait compté sur ce secours, et, qui sait ? préparé cette heure.

M. Maspero assista, dit-on, à l’entrevue de Londres ; sans doute, n’assista-t-il pas à toutes les entrevues de la princesse et du futur empereur ; il y en eut, je crois, d’assez tendres. La princesse ne se servait pas toujours de dialectique pour arriver à ses fins…

Mais sa vie, si multiple, ne suffisait pas entièrement à son activité débordante. À côté de la femme politique et de la mondaine, il y avait encore place pour l’écrivain. « Les ouvrages de Mme Belgiojoso, dit Monselet, sont plutôt ceux d’un bénédictin que ceux d’une femme du monde, » et de fait, c’était un écrivain austère, lorsqu’elle entreprenait, aidée de l’abbé Cœur, disent quelques-uns, l’Essai sur la formation du dogme catholique, que Lerminier, d’ailleurs, a fort maltraité dans cette Revue. Sainte-Beuve juge l’œuvre ainsi : « C’est sérieux, catholique d’intention, semi-pélagien et origénien de fond, d’un style très ferme, très simple. » Austère aussi son Essai sur Vico, qu’elle publia en 1844 avec une traduction de la Scienza Nuova.-, Mais elle fut encore écrivain d’histoire lorsqu’elle donna à la Revue des Deux Mondes la relation fidèle et vécue de l’Insurrection italienne en 1848. Plus tard, elle écrira un important ouvrage sur la Syrie où elle voyagea de longs mois. Enfin, elle

  1. Le prince, en arrivant à Londres, avait écrit à l’ambassadeur de France pour l’informer de sa présence, et l’assurer qu’il n’avait pas quitté sa prison pour troubler le repos de l’Europe, mais uniquement pour remplir son devoir filial.
  2. Inédite. Cette lettre m’est communiquée par M. H. Prior.
  3. R. Whitehouse.