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JOUETS FRANÇAIS
CONTRE
JOUETS ALLEMANDS

Chaque année, le premier lundi de mars, se tenait à Leipsig une foire célèbre, vieille de plusieurs siècles et depuis quinze ans rajeunie par une vogue nouvelle. La ville se pavoisait de drapeaux-réclames pendus à toutes les fenêtres, et les hommes-sandwich, en mascarades processionnelles, déambulaient le long des trottoirs.

Pour loger les 4 000 exposans et les 400 000 acheteurs venus s’approvisionner de tous les points du globe, les indigènes déménageaient ; ils offraient aux étrangers, qui leur appartement, qui leur boutique ; tel petit marchand payait son loyer de l’année, en sous-louant pour huit jours son magasin vidé de ses articles ordinaires, qu’il avait relégués dans la cave ou au grenier. Et comme les 800 baraques qui formaient une ville de bois au milieu de la ville de pierre étaient devenues insuffisantes, on avait construit de vastes immeubles, munis d’ascenseurs, et, tout récemment, un véritable palais avec installations spéciales, qui ne servait qu’une semaine par an, mais où les affaires se brassaient par millions.

À ces assises internationales du jouet et de la bimbeloterie les bazardiers et les commissionnaires faisaient leur choix ; ils donnaient en une journée des ordres pour les dix mois suivans, sur le vu des échantillons qui avaient su leur plaire. L’an dernier,