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UN SERMON INÉDIT
DE
MIRABEAU
SUR LA NÉCESSITÉ D’UNE AUTRE VIE

On connaît les nombreux écrits de Mirabeau et l’on sait qu’il a touché à tout : art, sciences, littérature, diplomatie, politique, finances, banque, agiotage, Histoire, pamphlets, Mémoires, traductions, lettres, esquisses, discours, articles de journaux, compositions érotiques, etc. Une seule corde a paru manquer à sa lyre, la corde religieuse. Et cependant, celle-là aussi, il l’a touchée. Je viens de retrouver un sermon composé par lui en 1782 pour un jeune ministre genevois, sur la Nécessité d’une autre Vie, sermon dont Lucas de Montigny, le fils adoptif de Mirabeau, avait dit : « Nous ne lui connaissons d’œuvres inédites écrites à Londres que le commencement très informe d’une Histoire de Genève, dont nous avons donné le manuscrit autographe à feu Etienne Dumont, en 1826, et un sermon sur l’Immortalité de l’Ame, composé pour un ministre réfugié. » Cet ecclésiastique lui avait été recommandé de Genève, d’où il avait été exilé à la suite des divisions violentes qui s’étaient élevées entre les aristocrates et les libéraux. Mirabeau, qui se trouvait alors à Neuchâtel, le tira de l’indigence, non par des secours pécuniaires qui n’étaient pas à sa portée, mais par le don de ce travail personnel à l’aide duquel le jeune ministre obtint dans un concours une place avantageuse. « Nous