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à grande distance les unes des autres, ou même des armées qu’elles desservent, elles ont été aussi très perfectionnées et sont loin aujourd’hui d’être les simples magasins que leur nom semble indiquer.

Les stations-magasins peuvent être situées indifféremment dans la zone de l’intérieur ou dans la zone des armées ; mais il est clair qu’il y a en général intérêt à ne pas les établir trop près de l’ennemi. Cela est évident surtout s’il y a la moindre crainte d’avance de sa part, parce qu’on ne peut courir le risque de laisser à sa portée des approvisionnemens aussi considérables ; et il y a à leur éloignement relatif une autre raison encore, c’est la difficulté qu’on éprouverait à réunir ces approvisionnemens dans un pays déjà épuisé par le passage ou le stationnement des armées..

Dans ces quelques pages sur l’organe peut-être le plus important de tous ceux qui sont destinés à assurer le ravitaillement de nos armées, j’essaierai de mettre en lumière les services rendus par des hommes qui accomplissent un métier aussi pénible qu’il est nécessaire, et pour lequel ils ont été désignés dès le temps de paix à raison de la profession qu’ils exercent dans la vie civile ; car il faut des spécialistes de tous les corps de métier pour assurer le fonctionnement presque impeccable de ces stations-magasins, qui aura contribué pour une bonne part à permettre à nos soldats de résister à la dure vie des tranchées, en attendant qu’ils puissent entamer leur marche victorieuse en Allemagne.


QU’EST-CE QU’UNE STATION-MAGASIN ?

Une station-magasin est d’abord une sorte d’immense entrepôt de denrées, vivres et approvisionnemens de tout genre, affecté à une armée déterminée et situé bien entendu en un point muni de toutes les facilités de communications, au moins par voie ferrée et, si possible, par eau. Car les transports par eau, par mer surtout, auront joué un grand rôle dans cette guerre où, pris un peu au dépourvu — bien que ce ne soient pas les avertissemens qui nous aient manqué, — il a fallu faire venir de l’étranger, d’Angleterre et d’Amérique surtout, de nombreux approvisionnemens en vivres, vêtemens ou munirions. On a maintenant l’explication des deux mots dont la