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au cours des manœuvres ou d’exercices de ravitaillement, pour qu’on pût être sûr de son bon fonctionnement. La réalité a presque partout répondu aux prévisions. Dès le début de la mobilisation, les diverses commissions sont entrées en fonctions dans le pays ; placées sous le contrôle de l’intendance régionale, bien que composées d’élémens civils, elles ont rendu de grands services, dans certaines régions spécialement, grâce à la valeur et au dévouement des hommes mis à leur tête.

Les statistiques du plan de ravitaillement indiquant les disponibilités de chaque région forment la base première du travail du ravitaillement pour tout le territoire. En harmonie avec elles, il existe dès le temps de paix, pour chaque station-magasin, — je parle, bien entendu, de celles qui avaient été organisées à l’avance, — un tableau prévoyant jour par jour les envois à faire sur cette station. Pour les deux premiers mois spécialement, tout était prévu dans le plus grand détail ; ensuite, la machine, mise au point, pouvait continuer à fonctionner avec des indications plus générales : par exemple, réception de tant de quintaux de farine ou d’avoine tous les trois, quatre ou cinq jours, ou de tant de sucre ou de café venant de tel endroit, les 10, 20 et 30 de chaque mois.

Ce graphique est une pièce absolument secrète, cela va de soi ; il est établi avec le soin qu’on devine, puisque la régularité du ravitaillement de l’armée en dépend. Il a fallu en établir un à la hâte pour les stations-magasins créées au cours de la guerre afin de remplacer celles qui étaient disparues, et aussi afin d’en augmenter le nombre, presque doublé aujourd’hui, qui ne dépassait pas une douzaine au début. Le sous-intendant de chaque station a ainsi un tableau où sont inscrites jour par jour toutes les réceptions à faire ; il sait que tel jour il doit recevoir tel nombre de quintaux de denrées déterminées, venant souvent des points les plus éloignés de la France : une même station-magasin recevra de Montpellier le vin, de Marseille le savon, de Nantes les conserves de viande, de Billancourt le pain de guerre, du Havre ou de Bordeaux le sucre et le café. C’est un des premiers devoirs de l’intendant de comparer chaque jour les réceptions de la veille et celles qui sont portées au graphique, et de s’informer ou de réclamer pour celles qui ont fait défaut.