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BOULANGERIES DE GUERRE

Nous n’avons encore envisagé jusqu’ici que le cas où la station-magasin apparaît comme un simple entrepôt. Mais son rôle est loin de se borner à réexpédier telles quelles les denrées reçues ; très souvent elle doit leur faire subir certaines préparations ou manutentions. Ce travail est effectué dans les locaux de la station-magasin, par de nombreux ateliers spéciaux, des ordres les plus divers, comme les denrées elles-mêmes. Chaque station-magasin compte d’abord une boulangerie de guerre pour la fabrication du pain, un entrepôt de bétail alimenté par un ou plusieurs parcs de groupement, des approvisionnemens du service des subsistances, et souvent aussi de l’habillement et du campement ; il doit de plus y avoir une station-magasin au moins par armée, qui renferme des approvisionnemens pour l’artillerie, le génie, la télégraphie et le service de santé. Tous ces approvisionnemens sont à l’entière disposition du général directeur des étapes pour les besoins de l’armée à laquelle la station-magasin est affectée.

En ce qui concerne les services spéciaux, artillerie, génie, télégraphie et service de santé, le rôle de la station-magasin est en général assez limité : il se borne le plus souvent à recevoir tout achevé le matériel à réexpédier, munitions de guerre par exemple, pièces et fils métalliques, matériel médical ou pharmaceutique. Il en est autrement du service de l’intendance, beaucoup plus intéressant à notre point de vue, car il comporte fréquemment, en ce qui concerne le service des vivres notamment, d’importans travaux de préparation ou de manutention.

Parmi les services les plus importans de la station-magasin, et même au premier rang de tous, il faut placer la boulangerie de guerre. Le pain forme, avec la viande fraîche ou de conserve, la base de l’alimentation du soldat français ; sa fabrication est donc un point capital, et il faut reconnaître que, d’une façon générale, elle a donné satisfaction aux plus exigeans : on peut même dire que le pain de troupe, — la fameuse « boule de son, » — fait avec des farines de première qualité et dans d’excellentes conditions, s’est souvent révélé supérieur, au début de la guerre notamment, au pain de bien des boulangeries civiles, même dans les grandes villes.