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LE MAROC ET LA GUERRE

La question du Maroc, née le jour où les Français entrèrent à Alger, n’intéressa le public qu’après les traités anglo-franco-espagnols de 1904.

Inaugurant alors une politique plus active, nous venions de prêter 90 millions au Sultan, à qui notre plénipotentiaire, M. Saint-René Taillandier, présentait tout un programme de réformes. Certains pangermanistes faisaient, dans ce même moment, des efforts inutiles pour intéresser l’Allemagne à cette contrée située aux portes de l’Europe et qui, seule dans le monde, restait, en dépit de ses richesses naturelles, rebelle à toute pénétration.

La guerre russo-japonaise s’achevait. Nos discussions politiques faisant croire à notre propre faiblesse, l’empereur Guillaume II vint à Tanger, le 31 mars 1905, affirmer son attachement au principe de l’indépendance marocaine.

C’est sur ce terrain que l’antagonisme franco-allemand allait désormais se montrer en toute occasion.

Nos voisins de l’Est ont peut-être, dès ce moment, caressé le rêve d’une prise de possession au moins partielle de l’empire chérifien, mais l’Empereur et ses conseillers cherchaient surtout, en contrecarrant nos projets d’annexion, à nous imposer leurs propres vues sur la politique européenne.

La thèse allemande, telle que le chancelier von Bülow la présentait alors au Reichstag, pouvait se résumer ainsi. La France s’est entendue au sujet du Maroc avec l’Angleterre, l’Espagne et l’Italie ; elle a laissé systématiquement l’Allemagne en dehors de toute négociation ; l’Entente Cordiale, suscitée par elle, paraît de plus dirigée contre l’Empire. Le