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L’APOTRE DES INDES ET DU JAPON

FRANÇOIS DE XAVIER

II [1]
DANS L’INDE


IV. — L’INDE PORTUGAISE

Quand François s’embarquait de Lisbonne, il touchait à la maturité de l’âge. Pourtant le jeune missionnaire qui sort du séminaire pour monter sur le paquebot ne nourrit pas plus d’illusions. On voudrait l’avertir. Celui qui de nos jours ne serait renseigné sur les peuples de l’Extrême-Orient que par le dernier boy d’un navire anglais en connaîtrait plus que lui. Depuis quarante ans que les Portugais écument ces routes nouvelles, ils n’en ont rapporté que de l’or et des idées superficielles ou fausses. Leurs navigateurs ont observé les courans de Guinée et de Mozambique ; ils commencent à fixer la loi des moussons ; Jean de Castro, cette année même, tracera le Routier de la Mer-Rouge et s’assurera enfin que les eaux n’en ont point la couleur écarlate que leur prêtait la carte catalane du XIVe siècle. Mais que savaient-ils des mœurs, des religions, des âmes de l’énorme continent dont ils avaient saisi quelques franges de sable et de pierre ? Derrière leurs vieux ennemis, les Arabes, qu’ils y ont retrouvés, ils se heurtent aux

  1. Voyez la Revue du 15 février 1916.