Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 32.djvu/417

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des chenaux de sécurité et du matériel flottant de renfort pour les directions des mouvemens du port. Mais presque aussitôt des besoins naquirent. Il fallut aménager des steamers en transports-hôpitaux ; puis le commandant en chef de l’armée navale s’aperçut qu’il manquait de transports auxiliaires pour entreprendre les mouvemens de matériel entre ses escadres et les bases de ravitaillement. Quand fut enfin décidée l’expédition d’Orient, la nécessité de mettre à la disposition du département de la Guerre le tonnage utile pour recueillir le corps expéditionnaire, devint à ce point urgente et impérieuse que presque toute la flotte présente à Marseille fut inscrite sur le Carnet de réquisition de l’administrateur de la Marine. En dernier lieu, les modalités de la guerre sous-marine allaient donner une importance toute spéciale aux chalutiers à vapeur, qui constituaient le meilleur moyen de défense contre les submersibles ennemis. Dès le commencement de l’année 1915, le département de la Marine entreprit la transformation des chalutiers en navires patrouilleurs. Petit à petit, on réussit à mettre la main sur presque tous les chalutiers français en état de servir.

L’utilisation de la flotte de commerce pour un but militaire était devenue de cette façon aussi radicale que possible. On s’en fera une idée par la proportion suivante. Sur 2 500 000 tonnes de jauge que représentait la flotte française avant la guerre, il reste encore 1 884 000 tonnes de vapeurs, sous déduction de 100 000 tonnes coulées environ, et de 500 000 tonnes de voiliers. Sur cet ensemble, le tonnage des navires qui sont ou ont été réquisitionnés ressort à 1 100 000 tonnes ; ce qui représente un pourcentage de 58 pour 100. La part proportionnelle du tonnage actuellement réquisitionné, par rapport au tonnage total, atteint approximativement 50 pour 100. Ce chiffre varie du jour au lendemain à cause des réquisitions et des déréquisitions opérées selon les besoins du moment. Si l’on ajoute les bâtimens coulés, on se rend compte que les armateurs se trouvent aujourd’hui privés de plus de la moitié de leur flotte par suite du fait de guerre.

La prise de possession de ces nombreux navires s’est effectuée selon trois procédures différentes : par l’exécution du contrat postal, par l’affrétement, par la réquisition.

Au moment de la mise en chantier de certains navires rapides, il avait été convenu entre l’État et les propriétaires