d’idées, où l’auteur transporte à la scène et traite avec une sorte de violence passionnée, certains problèmes du temps présent. Ainsi la Nouvelle idole que la Comédie-Française s’était annexée, aux dernières semaines qui ont précédé la guerre. Ainsi les Fossiles, le Repas du lion. Dans une autre partie de son théâtre, où il se conforme davantage à la tradition, il se borne, si c’est se borner, à pousser très avant l’étude de certains caractères, qu’à vrai dire il choisit volontiers parmi les plus singuliers ou même les plus bizarres. C’est un moraliste sans illusions et un écrivain sans timidités. Il pense peu de bien de notre nature, et il le dit comme il le pense. Son pessimisme ne connaît ni n’admet les atténuations et les ménagemens. Ses personnages ont pour qualité maîtresse une franchise, qui ne se soucie pas d’être une aimable franchise. Ainsi dans l’Envers d’une sainte, et dans l’Invitée. Ainsi dans la Figurante, jouée à la Renaissance, il y a vingt ans, et que la Comédie-Française vient d’inscrire à son répertoire.
Rappelons en quelques mots la situation. Hélène de Monneville est, depuis cinq ans, la maîtresse d’Henri de Renneval. Cinq ans, c’est bien long pour un amour éternel. Hélène s’en aperçoit à la lassitude de son compagnon de chaîne. Celui-ci trouve chaque fois un prétexte nouveau pour abréger la rencontre ou manquer le rendez-vous ; n voit partout des imprudences et des dangers et qualifie d’horreurs les mêmes phrases, dont jadis la douceur l’eût tant ému ! La raison conseillerait à Hélène de ne pas laisser se traîner dans d’humiliantes complications cette fin de liaison. Mais elle aime, donc elle s’obstine. Elle s’avise de cette combinaison, qui, m’assure-t-on, n’est pas sans exemples dans la vie réelle : marier son amant pour le conserver, lui donner une femme pour rester sa maîtresse. Il va sans dire que ce mariage, combiné par une amante jalouse, ne saurait être qu’un mariage blanc. La femme à laquelle Hélène confiera le soin de lui garder son amant, doit être une femme de tout repos, une femme en peinture, une femme pour rire, un mannequin. Ce sera une figurante. On la choisira tout exprès, ambitieuse et froide, douée d’intelligence mais non de tempérament, désireuse de briller, incapable d’aimer. Bien entendu, l’oiseau rare, qu’on s’apprêtait à aller chercher bien loin, on l’a sous la main : on ne trouvera pas mieux. C’est une petite parente pauvre, élevée dans la maison, cœur sec, âme calculatrice, et qui, pour échanger sa misère contre une existence dorée, acceptera n’importe quel programme. Françoise sera la figurante... Tel est le point de départ. Il a cet inconvénient