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8e Royal Berkshires, avec de grosses pertes, avait réussi à forcer les fils de fer et la première ligne allemande, puis deux autres lignes, et il était arrivé à petite distance d’Hulluch. A la droite des Berkshires, le 10e Gloucesters avait péniblement enlevé la première ligne, puis, appuyé par le 1er Camerons, la seconde. Les Camerons avaient alors poussé jusqu’à la troisième ligne, l’avaient prise, enlevé deux canons, et ils s’étaient frayé un chemin jusqu’à Hulluch, où quelques hommes étaient entrés. Mais il arriva là ce qui est arrivé partout. Berkshires, comme Camerons, décimés par leur succès, éloignés de leurs soutiens, ne purent ni poursuivre, ni maintenir leur avance, et durent se retrancher à 500 mètres à l’Ouest de la route de La Bassée à Lens. Ils tinrent là avec la dernière énergie, seuls pendant plusieurs heures, jusqu’à l’arrivée des renforts.

Pendant que la brigade de gauche (1re) de la 1re division avançait ainsi, la brigade de droite (2e) souffrait d’une cruelle mésaventure. Au moment de l’attaque, une saute de vent rabattait le rideau de gaz sur les tranchées, et le 60e Rifles et le 1er Royal North Lancashires perdirent du monde avant même d’être sortis. Ils attaquèrent néanmoins, mais pour tomber sur des fils de fer bas, difficiles à voir, couvrant un large espace, et qui n’avaient pas été détruits. Ils se replièrent, se rallièrent, revinrent à l’assaut, mais pour être reçus par la fusillade et le feu des mitrailleuses. Le 2e Royal Sussex, rapidement envoyé en soutien, n’eut pas un meilleur sort. Des hommes arrivaient jusqu’aux fils de fer et tombaient. Le 1er Northamptons vint s’écraser à son tour. Ainsi, toute la 2e brigade avait échoué devant ces 1 200 mètres de tranchées intactes, à un kilomètre au Sud-Est du Rutoire, à un point marqué par un arbre isolé. Après elle, deux bataillons de territoriaux préparés pour intervenir entre la 1re et la 2e brigades, puis la réserve de la 1re brigade, puis la réserve divisionnaire, composée de la 3e brigade, furent appelés pour venir à bout de cette résistance acharnée. Une partie passa au Nord sur le terrain gagné par la 1re brigade et fit un à droite. Une autre partie passa au Sud, et fit un à gauche. Les Allemands se trouvèrent entourés de trois côtés et levèrent les mains. Plusieurs centaines furent pris. Mais leur résistance avait arrêté tout le jour la 2e brigade et paralysé en réalité le mouvement de toute la 1re division. La journée était