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l’Italie n’ait pas encore déclaré la guerre à l’Allemagne, ils vous répondent : « La raison en est bien simple. D’abord, cette guerre est déclarée de fait, puisque notre action militaire est étroitement liée à celle des Alliés. Ensuite, remarquez que l’Allemagne ne nous a pas attaqués la première. Prendre la responsabilité de l’agression, nous charger d’un nouvel ennemi, c’est fournir des argumens aux partis qui, dans notre pays, font encore des réserves sur l’opportunité de notre intervention. Ces partis, pour l’instant, marchent avec nous. Est-il d’une bonne politique de nous les aliéner, au moment où nous avons besoin de tout leur concours ? » Si, après cela, vous insinuez qu’une coopération de l’armée italienne sur tous les fronts serait peut-être un bien, ils invoquent les mêmes motifs d’ordre intérieur : « Supposez, disent-ils, qu’un fléchissement se produise sur notre front à nous, vous nous exposez aux criailleries de ces partis, qui ne manqueraient pas de nous accuser d’avoir affaibli criminellement nos frontières ! » Il convient d’avouer que les événemens de ces dernières semaines semblent justifier leur prudence.

Ces hommes avisés songent donc à tout cela, ils s’appliquent à prévoir toutes les éventualités fâcheuses. Néanmoins, ils se battent, comme les autres, pour des idées. Je sais bien ce que l’on peut arguer contre eux : qu’ils ménagent leurs adversaires par ambition politique, que certains d’entre eux, comme les socialistes, cherchent à entrer dans le ministère et à exercer leur action sur le gouvernement. L’essentiel pour nous, c’est qu’ils comptent parmi les partisans les plus résolus de la guerre. A eux, comme à leurs journaux, revient la part prépondérante dans l’intervention italienne. Outre des raisons matérielles, des raisons doctrinales les y ont poussés. Ils savent trop quel danger de mort le triomphe germanique ferait courir aux idées libérales, non seulement dans leur pays, mais dans le monde entier. En tout cas, et quels que soient les mobiles auxquels ils obéissent, nous pouvons saluer en eux nos plus fermes soutiens.


Justement à cause de cette communauté doctrinale avec nos démocrates, un autre groupe, non moins partisan de la guerre à outrance, se livre à des critiques acerbes contre les démocrates