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blanche, voile khaki, d’où s’échappent deux longues tresses blondes ; insigne de la Croix-Rouge en brassard.


L’héroïsme des deux petits peuples Belge et Serbe n’a pas un instant cessé de provoquer, depuis le début de la guerre, l’unanime admiration du monde civilisé.

Dans ce malheureux peuple serbe, affaibli déjà par une guerre récente, les femmes se sont élevées à une hauteur d’héroïsme qui touche au sublime.. Voulait-on des ambulancières ? On les trouva prêtes. Manquait-on de combattans ? Elles s’enrôlèrent dans les « comitadjis, » et c’est à une femme que revient l’honneur d’avoir planté le premier drapeau serbe sur la rive autrichienne. Elles gardèrent les voies, firent le coup de feu, se substituèrent aux chevaux pour traîner les munitions. La terre réclamait-elle des bras ? Elles se mirent résolument à la culture, firent les semailles, les récoltes, les moissons, remplissant leur devoir patriotique avec une magnifique sérénité.

La Serbie ne possédant pas de corps d’infirmières professionnelles, la « Kolo Srpski Sestara » (Sœurs serbes) avait, dès la guerre de 1912, ouvert des cours préparatoires élémentaires pour infirmières. Presque toutes les femmes les ayant suivis s’inscrivirent comme volontaires des hôpitaux, où elles aidèrent même aux opérations. Beaucoup d’entre elles tombèrent victimes de leur dévouement [1]. Tous les concours ayant été acceptés indistinctement (avec ou sans brevet), cela permit d’attendre l’arrivée des trois cents médecins envoyés en Serbie par les nations alliées. Franco, Angleterre, Russie, auxquelles il faut ajouter les États-Unis, qui demandèrent à participer à cette œuvre de dévouement.

Pouvait-on oublier les orphelins de la guerre ? La Société Sainte-Hélène s’en chargea. La Ligue des Femmes [2] créa un

  1. Je ne citerai que quelques noms des plus connus : Mme la générale Loukovitch, présidente des « Kolo Srpski Sestara, » femme remarquable par son esprit d’organisation d’œuvres patriotiques et humanitaires ; Mlle Nadedja Petrovitch (peintre de grand talent, a exposé à Paris au Salon), qui, en 1903, avait pris une part très active à la formation des comitadjis (corps des insurgés contre les Turcs) et qui, pendant toutes les guerres de la Serbie, avec Mme Kasua Milétitch, avait suivi l’armée en qualité d’infirmière ; Mme Paounovitch. Ces quatre dames sont mortes, en février, à Valjevo, où elles étaient allées soigner les typhiques ; mais il y en a eu beaucoup d’autres encore, mortes au champ d’honneur.
  2. Mme Christines.