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Constantin une question au sujet du caractère du décret royal du 30 novembre, dont il a été précédemment question. Le gouvernement leur donna l’explication couramment offerte par les journaux, à savoir que cette mesure ne visait qu’au maintien de l’ordre, et que le calme serait d’autant mieux assuré que les réservistes ne pourraient plus agir en tant qu’individus groupés en associations, mais seraient à la disposition du gouvernement et deviendraient des soldats réguliers.

Ces explications furent loin de tranquilliser tous les milieux officiels. Quoi qu’il en soit, le 30 novembre au soir, il restait convenu entre le roi Constantin et l’amiral français :

1° Que le gouvernement royal repoussait officiellement les demandes de l’Entente, relatives à la livraison des armes et du matériel[1] ;

2° Que, néanmoins, les troupes grecques ne tireraient, en aucun cas, les premières contre les Alliés ;

3° Que l’ordre serait maintenu dans la ville ;

4° Que, dans ces conditions, les Alliés ne chercheraient pas à imposer leurs exigences par la violence, mais se borneraient à exercer une pression par des moyens d’ordre exclusivement politique et économique ;

5° Que l’envoi de détachemens de marins alliés à Athènes n’aurait d’autre objectif que de renforcer les contingens déjà précédemment débarqués depuis des mois et d’assurer ainsi le maintien de l’ordre d’une manière plus certaine.

Aux premières heures de la nuit du 30 novembre au 1er décembre, des contingens alliés, uniquement composés de fusiliers marins, débarquèrent au Pirée. Leur force numérique totale ne dépassait pas 2 500 hommes. Les trois quarts étaient français ; le reste anglais et italien. Cette force était accompagnée d’une section de mitrailleuses et de quelques détachemens de cyclistes. Pendant qu’elle se dirigeait vers Athènes, la musique du vaisseau-amiral français débarquée, elle aussi, sur l’ordre de l’amiral, au Pirée, jouait dans un des squares du port. Elle continua même à jouer après que les combats furent engagés entre les détachemens marchant vers Athènes et les troupes du Roi.

  1. L’amiral n’en fut officiellement et définitivement averti que le 30 novembre à sept heures du soir, par l’entremise de M. Mercati, maréchal de la cour du Roi. Mais depuis l’avant-veille il ne pouvait douter que la réponse du Roi à son ultimatum du 24 novembre ne dût constituer un refus.