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Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 38.djvu/21

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elle se mit à prier et se trouva de nouveau en cet étrange état qui lui donnait le sentiment de planer dans un monde d’éclatante lumière. Elle s’élevait peu à peu au-dessus de terre, plus haut, toujours plus haut ; finalement, sa tête heurta la voûte, ce qui la réveilla… Elle s’aperçut alors qu’elle avait dû rester longtemps dans la grotte ; le soleil était bas, les cigales chantaient dans les figuiers et là-haut, à San Domenico, on carillonnait les vêpres. Tous ses plans de vie érémitique s’évanouirent soudain et Catherine songea seulement qu’elle était bien loin de la maison et qu’avant peu la porte de la ville serait fermée. De plus, ses jambes étaient si particulièrement frôles que jamais elle ne pourrait parcourir le long chemin qui monte la colline… Le vertige la saisit, un nuage passa devant ses yeux, une fois encore elle éprouva la sensation de planer, et, sans savoir comment, se retrouva tout à coup au dedans de la porte San Ansano. Le cœur battant, elle se hâta de rentrer ; personne n’avait soupçonné sa fuite, on pensait qu’elle était allée chez sa sœur comme elle le faisait souvent.

Catherine ne renouvela jamais cette tentative, mais elle avait compris, là-bas dans la grotte, que sa vie devait être consacrée au Seigneur, et l’enseignement de l’Écriture lui devint intelligible : « Une femme non mariée, une vierge, pense aux choses qui regardent le Seigneur pour être sainte de corps et d’esprit, mais celle qui est mariée pense aux choses du monde et aux moyens de plaire à son mari. » D’une part, le Seigneur, de l’autre le monde ; la jeune âme de Catherine n’hésita pas dans son choix… À l’âge de sept ans, elle se promit à Jésus devant l’image de la Madone, ainsi qu’elle nous le dit elle-même : « Bienheureuse Vierge Marie, m’écriai-je, ne considère pas ma faiblesse et accorde-moi la grâce d’avoir pour époux Celui que j’aime de toute mon âme, ton Fils très saint, Notre-Seigneur Jésus-Christ… Je lui promets ainsi qu’à toi de n’en accepter jamais d’autre. » C’est ainsi que se fit le pas décisif : Catherine devint la petite fiancée du Christ à l’exemple de son homonyme sainte Catherine d’Alexandrie, que l’on voit sur un tableau étendant sa main dans laquelle la Vierge Marie place celle de l’Enfant Jésus qui lui passe au doigt un anneau. Désormais, en épouse soumise, Catherine s’efforcera uniquement de faire, la volonté de son époux. Or, la volonté de Jésus est qu’avant tout on se châtie soi-même et que l’on dompte sa nature, ce que la