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REVUE SCIENTIFIQUE

L’OPTIQUE ET LA GUERRE

La guerre, de quelque façon qu’on l’examine, est avant tout un problème de repérage dans le sens le plus vaste du terme.

On a souvent cité ce mot de Napoléon expliquant à un de ses généraux sa méthode pour diriger simultanément l’action de ses troupes sur tout le champ de bataille : « Je m’engage partout, et puis je vois. » C’est en somme toujours le veni, vidi

Voir, découvrir ce que fait l’ennemi et où il est a toujours été les rois quarts de l’art de le battre. Ce l’est plus que jamais aujourd’hui que les mêlées à visage découvert des temps révolus ont fait place au vide du champ de bataille. Ce vide a été causé, non seulement par quelques perfectionnemens matériels comme la poudre pyroxylée, mais surtout parce que, comprenant de mieux en mieux les nécessités du combat, on a mieux apprécié l’avantage énorme à la guerre de voir et de ne pas être vu.

Mais la nécessité de se cacher, de n’être pas vu, tout en voyant soi-même, a imposé l’emploi de toutes sortes d’artifices par lesquels notre œil a vu reculer les limites de sa puissance et d’autres qui lui ont fourni une vision indirecte, sans qu’il doive se démasquer lui-même. Et c’est ainsi que l’Optique est devenue un des auxiliaires les plus utiles du guerrier.