Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 42.djvu/818

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ministre de France auprès du gouvernement de M. Venizelos. Une première conférence a lieu dans la villa occupée par le général à l’ancien consulat de Bulgarie.


LES DISPOSITIONS PRISES

M. Jonnart et le général Sarrail examinent la situation, et règlent les opérations militaires sur lesquelles ils se trouvent en parfait accord. Le commandant en chef des armées d’Orient, sur des instructions de Paris, avait déjà procédé à tous les préparatifs en vue de l’action projetée. On décide, pour éviter toute possibilité de résistance, pour garder à l’opération son caractère pacifique, d’exécuter en même temps :

1° L’occupation de la Thessalie ;

2° La saisie de l’isthme de Corinthe ;

3° Le débarquement dans la région d’Athènes.

Il est à prévoir que ces trois actions simultanées, rapidement conduites, mettront Constantin hors d’état de tenter quoi que ce soit.

Les résolutions définitives sont arrêtées en conséquence : l’ultimatum sera remis à Constantin le 10 au soir ; l’entrée en Thessalie aura lieu dans la nuit du 10 au 11 ; l’occupation de l’isthme de Corinthe, le débarquement en Attique s’opéreront au même moment, et l’état-major français va régler dès maintenant le départ des troupes expéditionnaires pour qu’elles soient rendues sur place et prêtes à agir à la date fixée. Ce n’est pas une tâche facile d’embarquer toutes ces troupes dans un aussi court délai ; mais, grâce à l’activité intelligente de tous les services, état-major, marine, intendance, etc., tout s’exécute dans les meilleures conditions.

Le général et Mme Sarrail reçoivent la mission à déjeuner. M. Jonnart se rend, aussitôt après, chez M. Venizelos, et il a avec lui un très long entretien, qui devait d’ailleurs se poursuivre le jour suivant.

Rencontre émouvante. Les deux hommes d’Etat se sont connus et appréciés en 1913, quand M. Jonnart vint en Grèce pour les obsèques du roi Georges ; ils éprouvent l’un pour l’autre une sympathie des plus vives ; ils ont l’un dans l’autre une confiance absolue. Ce qui fait l’originalité, la force, et l’on peut dire le génie de M. Venizelos, c’est la réunion de qualités