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vérifiaient leurs armes, leurs équipemens. Vers le soir arriva le groupe des chasseurs cyclistes qui cantonna dans l’église, vacante depuis que deux de nos compagnies avaient leurs cantonnemens d’alerte dans les dunes d’Oost-Dunkerque et de Nieuport-Bains. Et, toute la nuit, ce fut un défilé continuel d’autobus, venant déverser dans le village leurs troupes d’attaque. Bruits de moteurs, interpellations, cris, jurons, piétinemens rageurs des unités à la recherche de leurs cantonnemens d’une heure et tombant dans un village archicomble, on voit d’ici le tableau et l’on pense bien que nous ne pûmes dormir cette nuit-là… »

Les dispositions adoptées pour l’attaque de Saint-Georges, la seule dont nous ayons à nous occuper ici, étaient les suivantes :

Une compagnie de fusiliers marins (la 3e, capitaine Le Page), et un groupe cycliste (capitaine de Tarlé, celui-ci chargé du commandement de la colonne) attaqueraient directement par la chaussée de Saint-Georges, le reste de la compagnie de chasseurs demeurant en réserve, ainsi que la 2e compagnie de fusiliers (capitaine Huon de Kermadec). Cette attaque serait appuyée à droite par la 4e compagnie de fusiliers (capitaine Martinie), partie en doris de Ramscapelle et qui prendrait l’offensive sur les fermes Groot-Northuys et Klein-Northuys situées dans l’inondation ; à gauche, par la 1re compagnie (capitaine Riou) qui se porterait en avant par la berge Nord de l’Yser sous la protection de trois canonnières qui remonteraient le canal jusqu’au coude de l’Union. Le plus grand silence était recommandé aux hommes, car on voulait agir par surprise, et c’était en effet la seule manière d’emporter la position, formidablement protégée et abordable seulement, suivant l’expression du commandant de l’armée belge, par l’étroit « couloir » d’une chaussée de dix mètres de large.

La nuit avait été calme. Il avait fait un peu de pluie, mais, jusqu’à Nieuport tout au moins, les colonnes empruntaient une bonne route, convenablement macadamisée et presque droite dans toute sa longueur. Partie à quatre heures du matin d’Oost-Dunkerque, la 3e compagnie, chargée de l’attaque, devait trouver aux Cinq-Ponts la compagnie de chasseurs cyclistes et la 2e compagnie de fusiliers désignée pour marcher en réserve. Le silence s’était tout de suite établi aux approches de Nieuport. L’ennemi possédait de larges vues sur la route : fusans et