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encore que finalement l’ennemi eût été arrêté, et en tout cas tout aussi glorieuse pour nos troupes.

A huit heures, après un bombardement très violent, les Allemands avaient attaqué sur le front Rollot-Roye-sur-Matz et très rapidement refoulé les troupes de Robillot jusqu’aux lisières de Rouance, d’Orvillers-Sorel, de Biermont. La percée sembla faite : les généraux rallièrent eux-mêmes leurs hommes et les ramenèrent au combat. Le général d’Ambly, nous l’avons vu, détacha à leur secours des bataillons : le bataillon de réserve du corps de cavalerie (du 319e) fut jeté dans la brèche ; le 369e qui débarquait fut rapidement avancé, et un violent barrage d’artillerie déclenché sur les ravins au Nord d’Orvillers. L’avance allemande se trouva de ce fait enrayée.

La 67e division survenait : elle fut portée vers Rollot avec mission de rejeter l’ennemi vers le Nord, et il était temps, car déjà celui-ci s’insinuait, fort au Sud, jusque dans le bois de Rouance, qui fut défendu opiniâtrement par une seule compagnie du génie. La contre-attaque se heurta à telle résistance qu’elle fut remise au lendemain. Elle fut en effet reprise le 31 mars. L’ennemi semblait « désorganisé par les combats acharnés de la veille. » Notre attaque reporta à plus d’un kilomètre au Nord notre ligne sans la rétablir entièrement.

L’ennemi, s’il résista, ne réagit point. Son dernier essai de percée vers le Sud avait échoué. Le dessein n’en était pas contestable : un ordre de la 7e division de réserve, trouvé sur un des officiers du 66e régiment de réserve, indiquait des objectifs tels donnés aux assaillants que c’était bien, non point d’une diversion, mais d’une suprême tentative vers l’Ile-de-France qu’il s’agissait. La route de Compiègne barrée au- Mont Renaud, celle de Senlis par Estrées-Saint-Denis l’avait été au Piémont et, à la même heure, le général Debeney interdirait à l’ennemi, en des combats non moins valeureux, tout à la fois l’accès de Clermont au Sud et celui d’Amiens au Nord.


XVII. — DEBENEY DANS LA BATAILLE

Le 25, à l’heure où, jetées en avant de la ruée, les troupes du général Humbert tentaient d’arrêter, de la région Tergnier-Noyon à celle de Nesle-Roye, le flot allemand, un autre de nos grands chefs était apparu en ces régions : appelé à endiguer