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Marseille au Rhône, avec son souterrain de 7 kilomètres sur 22 mètres de large, maintenant percé et deux voies ferrées déjà existantes. L’énergie électrique du littoral méditerranéen dessert toute la périphérie. Aussi s’est-il produit là, depuis trois ans, un développement industriel qui doit encore grandir. Le canal, qui reliera Marseille à l’étang de Berre, permettra, un jour ou l’autre, aux chalands d’atteindre le Rhône et de remonter son cours amélioré jusqu’à Lyon.

Après ces grands ports, il pourrait y avoir lieu de mentionner les petits, dont quelques-uns se sont trouvés rendre des services imprévus dans ces derniers temps, parce que les grands étaient encombrés. Ces petits ports ont un intérêt local et régional qui ne nous touche ici qu’accessoirement. J’en ai assez dit sur l’ensemble pour mettre en évidence un point qui nous intéresse particulièrement : c’est que nos ports ont été amenés à pouvoir supporter, pendant la guerre, un trafic très accru, sans exécution de travaux considérables, simplement par l’emploi d’installations rapides à l’américaine, par le développement des engins mécaniques, des dépôts, magasins, etc. Il leur a manqué surtout, avec les quais et les moyens de manutention mécanique (un peu complétés désormais), des voies d’évacuation vers l’intérieur. Nous pouvons maintenant envisager ce qui va se passer après la paix : d’abord dans la première période de ravitaillement, puis dans le régime normal.

La période de ravitaillement pourra continuer la période de guerre avec les mêmes besoins et les mêmes méthodes, sans difficultés spéciales. Il est plutôt à craindre, comme nous l’avons vu dans un paragraphe antérieur, que les arrivages de bateaux vers nos ports tendent alors à se réduire. Reste à considérer le futur régime normal. Dans ce régime, nos ports auront leurs deux rôles habituels à remplir : desservir la France même, tant pour nos importations, qui seront toujours considérables, que pour nos exportations, destinées, il faut l’espérer, à s’accroître et, d’autre part, drainer le transit de certains pays étrangers.

Quel que soit le but, il faut, comme je le rappelais en commençant, qu’un port soit outillé largement et d’une façon moderne, avec assez d’espace, de quais et de raccordements pour parer, au développement de quinze ou vingt ans. On réalise ainsi, par une première dépense une fois faite, des économies qui, après avoir bénéficié aux Compagnies de navigation,