Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 48.djvu/444

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

était même près de se conclure, mais pas du tout dans le sens où l’espéraient les naïfs : il se nouait, à supposer qu’il n’existai pas déjà, avec les pangermanistes.

Ceux-ci ne restaient pas d’ailleurs inactifs et ne s’étaient pas laissé anesthésier par le Reichstag. Les milieux d’affaires commençaient à se montrer fort soucieux des moyens de rendre après la guerre s’a puissance économique d’antan à l’Allemagne. Déjà, dans une conférence assez pessimiste du 18 décembre 1916, M. Walter Rattenau, l’organisateur du ravitaillement allemand en matières premières, avait déclaré que l’Allemagne était à cet égard comme « en liquidation ; » la réorganisation économique, avait-il poursuivi, ne regarde plus l’individu, mais la généralité tout entière qui devra surveiller et discipliner la production, le commerce, les transports et jusqu’à l’emploi des capitaux privés ; l’Etat, concluait-il, devra avant tout se pénétrer de l’idée que l’Allemagne ne peut, comme les Etats-Unis, se suffire à elle-même, qu’elle doit à tout prix acheter au dehors des matières premières, et, pour les payer, exporter ses produits ; le gouvernement aura donc nécessairement pour programme de paix « la suppression de toute difficulté apportée par l’adversaire à l’exportation des matières premières et la défense de rechercher l’origine des marchandises » à l’importation. Puis, comme pour marquer l’importance suprême de ces idées, un ancien major-général de l’armée allemande, le général Freytag-Loringhoven, consacrait un opuscule, les Conséquences de la guerre mondiale, à démontrer que la bataille de la Marne de 1914 avait marqué l’échec du plan militaire offensif de son pays ; que, depuis lors, le facteur économique l’emportait sur le système armé, et que, par conséquent, il fallait laisser à la politique le soin d’amener la décision que n’avaient pas su donner les combats.

Qu’à cela ne tienne, ripostaient les pangermanistes : la solution est encore et toujours au pouvoir de nos troupes victorieuses. « Pas d’égards, pas d’apitoiements, disait le général von Liebert, dans une réunion conservatrice de Halle. : nous voulons incorporer la Courlande et attirer à nous les 00 millions de Russes… Nous devons avoir la Belgique et le Nord de la France… Les possessions portugaises doivent disparaître, la France doit payer jusqu’à ce qu’elle soit saignée à blanc. » Et un autre patriote, libéral de tendances mais moins exalté de