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Wurtemberg, le roi de Saxe, le grand-duc de Saxe-Weimar, le grand-duc de Bade, le prince de Lippe-Detmold, le prince Henri XXXVII de Reuss, le duc de Saxe-Meiningen, le grand-duc de Mecklembourg, le duc de Saxe-Cobourg-Gotha, le prince de Waldeck et Pyrmont, le prince de Schaumbourg-Lippe, le prince de Schwarzbourg-Rudolstadt, à peu près tous, sauf erreur ou omission, se sont évanouis. Comme il n’y a plus de princes confédérés, il n’y a plus de Bundesrath. Et c’est le troisième organe de l’Empire qui s’est dissous après les deux autres.

Enfin, il y aurait le Reichstag, Chambre des députés de l’Empire allemand. Mais son président, M. Fehrenbach, ayant demandé au « nouveau » gouvernement s’il en envisageait comme possible la réunion dans un avenir prochain, le gouvernement a répondu que le mandat du Reichstag était expiré, et qu’il ne le rappellerait pas, puisqu’il le tenait pour mort. Sur quoi M. Fehrenbach a beau protester que lui-même le convoquerait au besoin, dans telle conjoncture qui rendrait sa présence nécessaire : pour l’instant, il n’y a pas plus de Reichstag que de Bundesrath, de chancelier ni d’empereur. De l’ancien gouvernement, il ne subsiste juridiquement rien. Du nouveau, qu’est-ce qui existe légalement?

Ou du moins, qu’est-ce qui existe de fait ? L’Empire allemand s’est écroulé, mais qu’est-ce qui est demeuré debout, qu’est-ce qui s’est relevé à sa place? Le nom de l’Empire allemand est aboli, et l’on ne nous parle plus que d’un « État » allemand, dont on ne nous dessine ni ne nous définit la forme, et qui, réduit à cette expression vague, est proprement sans nom comme sans figure. Le camarade Kurt Eisner a bien fait part de la naissance, à Munich, d’une république bavaroise. Et l’on nous promet pour bientôt, à Berlin, une république prussienne, mais tant de royaumes, principautés, grands-duchés et duchés, dont les souverains n’ont tout à coup aspiré qu’à descendre, que sont-ils devenus? Se sont-ils mis en république? C’est Berlin, autant comme capitale de la Prusse dont l’empreinte a si profondément marqué toute l’Allemagne que comme tête du défunt Empire allemand, qui nous intéresse le plus. Il semble, en fait, — il semble, c’est tout ce qu’on peut dire, — qu’une manière de Directoire de six membres, tous sozialdemokrates, trois majoritaires, trois minoritaires, se soient, révolutionnairement ou pseudo-révolutionnairement, installés aux affaires qu’ils dirigent ou contrôlent. Ils ont formé une administration qui emprunte à l’ex-administration impériale le fond de son personnel, ses traditions et ses méthodes :