Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 48.djvu/743

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

devant lequel le nom de Daumier s’évoque irrésistiblement ?

Ces physionomies contournées, ces gueules ouvertes desquelles s’échappe l’annonce d’un arrêt de mort, sont criantes de vérité. On n’échappe pas à la sensation d’un chef-d’œuvre et l’on admire l’homme prodigieux qui pouvait, à son gré, choisir la plume ou le pinceau pour exprimer une chose vue avec une intensité aussi puissante.

LE VENERABLE VAUGIRARD

Les autres dessins du carnet sont d’un autre ton, poussés dans la fantaisie ou dans la caricature, et accompagnés de légendes pittoresques où.se complaît, à l’heure du divertissement, l’esprit du poète. Tantôt c’est un personnage isolé comme ce Valsinou Sainval.

Ou le Rex Midas, — ou, lunettes sur le nez, le bon curé qui psalmodiait sa chose avec une conviction naïve et avait l’air d’un vieil enfant de, chœur, — ou Huon le Gaucher qui salua la princesse d’un air formidable et, son épée de bois à la main, monta sur son cheval de bois, — ou le cocher qui dort pendant que les chevaux galopent, — ou une bohémienne, — ou le diable Zébuth-le-Bel, — ou la sauvagesse lui souriant avec des dents qui auraient pu le manger, — ou une figure de haute et effrayante fantaisie : elle avait des pattes de bête, plutôt de chat que de tigre, une queue de cheval, des ailes en forme de feuilles, un nombril comme la mer, une jolie figure, trop de gorge et le bonnet des femmes de la halle.

Tantôt ce sont des personnages groupés : Démocrite, Héraclite, Epicure, ou un ménage : « La vieille portière poilue écoutait ce récit sous ses lunettes avec un intérêt mêlé