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Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 48.djvu/98

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GUERRE DE DÉTACHEMENT


Persianovka, le 5/18 février 1918.

L’ « ataman de campagne, » le général Popof, veut bien me donner une recommandation pour le commandant des troupes opérant au Nord. Le commandant de la gare de Nowo-Tcherkask met aussitôt une locomotive à ma disposition.

La gare de Persianovka, où j’arrive dans la soirée, est occupée par une curieuse collection de militaires de toute espèce. Cosaques, officiers, lycéens, élèves de l’école militaire de Nowo-Tcherkask, en manteaux de fourrure, ou simples « polouschoubki[1], » remplissent les salles d’attente et les abords de la gare. Le colonel Mamontof, qui commande ce front, m’invite à rester chez lui ; mais je préfère aller de l’avant. Les Bolcheviks, abondamment pourvus de matériel de guerre, occupent Kamenolomnia, au Sud d’Alexandre-Grouchevsky. Le détachement de Tchernetzof est envoyé en avant pour protéger la capitale que les Cosaques ne veulent plus défendre. Ma locomotive me transportera chez lui.

Après une course de quelques kilomètres, le mécanicien me dépose en plein paysage de neige, à côté d’un train en marche et retourne à Nowo-Tcherkask. Imaginez un train, compose d’une quinzaine de voitures, roulant tantôt dans un sens, tantôt dans un autre, à travers les immenses champs blancs où l’ennemi le guette de tous côtés. Je cours, mes deux valises en main, saute dans un wagon d’ambulance, d’où l’on me dirige vers le poste de commandement.


ATTAQUE DE NUIT

Entre Nowo-Tcherkask et Alexandre-Grouchevsky le 6/10 février 1918.

À midi notre train arrive à Cospodski Dwor, à une distance de six kilomètres de Kamenolomnia. Nous avons reçu l’ordre d’attaquer d’abord cette gare et ensuite Alexandre-Grouchevsky, en compagnie de deux autres détachements de Cosaques, ceux du capitaine Kargaïski à droite et du colonel Sémiletof à gauche.

  1. Veste doublée de fourrure.